Les amateurs de Challans rencontrent ce vendredi 5 janvier les professionnels de Rodez pour le 32ᵉ de finale de la Coupe de France. Une date et un horaire imposés par le diffuseur télévision, qui n'arrange pas vraiment la petite équipe vendéenne.
À Challans, le grand événement arrive. Vendredi 5 janvier, le club amateur de la petite ville vendéenne rencontre les professionnels de Rodez pour le 32ᵉ de finale de coupe de France. Un défi de taille, surtout pour un club amateur. Car, si les joueurs sont remontés à bloc pour affronter l'équipe adverse, se libérer un vendredi à 18 heures n'est pas si simple.
Parmi les 23 joueurs de l'équipe, un seul est professionnel. Pour les 22 autres il faut réussir à concilier travail et sport, pas toujours évident.
Du burger au ballon
Une odeur de frite flotte dans l'air, les bruits des commandes et des machines résonnent. C'est l'heure de pointe au Burger King de Challans et Tieri Godame s'affaire à son poste en cuisine. Le jeune homme de 21 ans est un membre clé de l'équipe de foot de la ville. Meilleur buteur de la compétition, l'attaquant est aussi un employé exemplaire.
Il n'a commencé qu'en octobre, mais son supérieur est déjà très satisfait de lui. Pourtant, Tieri ne peut travailler ni le soir, ni les week-ends. Et pour cause, entre entraînement et match, c'est le foot qui rythme son quotidien.
On a adapté ses horaires compte tenu de son emploi du temps à cause du foot
André ThibousFranchisé du Burger King de Challans
Son supérieur, André Thibous, est très arrangeant avec son jeune employé, d'autant plus que son enseigne est sponsor du club. Pour que Tieri soit dans les meilleures conditions, il lui a même donné son vendredi.
"Je n'ai pas envie qu'il soit malheureux sur le terrain, reconnaît André Thibous, parce que je pense qu'il aura moins la patate quand il viendra travailler. Du coup, nous aussi, on doit faire en sorte qu'il soit bien, surtout dans ces moments-là."
Avec un patron et une équipe qui le soutiennent, Tieri est plutôt bien tombé. Mais ce n'est pas le cas de tous les joueurs. Certains rencontrent plus de difficultés pour se libérer un jour de semaine.
Une organisation difficile
À quelques rues de l'enseigne de restauration rapide, une autre entreprise emploie un joueur du FC Challans. Dans une petite agence immobilière, Hugo Conan est à son bureau, concentré sur son ordinateur.
Le jeune homme de trente ans essaye quant à lui de concilier au quotidien, vie de famille, travail et football. Un défi qui lui vaut régulièrement des remarques de ses filles, déçues de ne pas le voir souvent.
Mais Hugo est plutôt chanceux, son patron, Roland Rocher est aussi le président du club de foot. À ce titre, il lui a aussi donné son vendredi pour qu'il soit dans les meilleures dispositions pour ce match déterminant.
Certains posent des vacances, mais pour d'autres, c'est plus compliqué. Ça gâche un peu l'événement
Hugo ConanDéfenseur du FC Challans
"On a deux joueurs qui ne sont pas encore sûrs d'être là" déplore le jeune défenseur. Il souligne également la difficulté pour les familles et les supporters, qui ne pourront pas tous être présents. "On a presque tous de la famille qui est au moins à une demi-heure d'ici" rappelle Hugo.
La faute au diffuseur
La date et l'horaire du match ont été décidés par le diffuseur, malgré les demandes du club pour déplacer l'événement au week-end, l'organisation a été maintenue. Alors que les joueurs du club de Foot de Rodez n'ont pas de contraintes professionnelles, le président du FC Challans, dénonce une injustice.
Nous, nos garçons travaillent. On ne part pas avec les mêmes arguments
Roland RocherPrésident du FC Challans
"Il a fallu prendre contact avec certains patrons pour leur demander de libérer nos garçons, explique Roland Rocher, ce qui est usant, c'est le manque de concertation. Ils prennent une décision et les clubs amateurs doivent se débrouiller" fustige le président du club vendéen.
On a l'impression de ne pas exister, comme si Challans n'était qu'un tout petit point sur la carte
Roland RocherPrésident du FC Challans
Aux difficultés rencontrées par les joueurs, s'ajoutent celles de l'organisation de l'événement. C'est la première fois qu'un 32ᵉ de finale de coupe de France aura lieu à Challans et Roland Rocher a dû remuer ciel et terre pour organiser cette rencontre en bonne et due forme.
"Heureusement qu'on est en pays vendéen et qu'on s'entend bien avec d'autres associations, remarque-t-il, une association challandaise nous prête des bénévoles pour l'occasion". C'est, l'ensemble de l'organisation qui a été impacté par la date et l'horaire de ce match.
Malgré les difficultés, Roland Rocher reste positif et croit dur comme fer que son équipe saura tenir tête aux professionnels de Rodez ce vendredi. "J'y crois, il faut toujours y croire" déclare, joyeux, le président du club.
Un reportage de Mathieu Guillerot, Antoine Ropert, Nathalie Saliou-Tendron
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