ENTRETIEN. Grippe aviaire. La LPO estime qu'il faut "diminuer la densité des élevages" face à l'ampleur de l'influenza H5N1

L'épizootie de grippe aviaire a pris une dimension inédite en 2022. La Ligue pour la protection des oiseaux fait un état des lieux de l'avancée de ses recherches et de la marche à suivre pour organiser une réponse adaptée et efficace à la propagation du virus.

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"Les oiseaux ne se cachent plus pour mourir". Poétique, la formule d'Allain Bougrain-Dubourg n'atténue pas le constat des ravages provoqués par l'épizootie de grippe aviaire H5N1 en 2022.

Le président de la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) souligne les conséquences désastreuses de l'influenza sur certaines populations d'oiseaux sauvages et sur les oiseaux d'élevage.

21 millions d'oiseaux ont été abattus en France, faute d'une autre solution pour éviter la propagation du virus et limiter les risques et les pertes.

La Vendée, département particulièrement avicole, a compté 106 foyers infectieux dont une majorité d'élevage de palmipèdes (canards et oies) entre le 1er octobre et le 28 décembre. 2 millions d'oiseaux ont été touchés dans les élevages confinés. De son côté, le Maine-et-Loire faisait état de 39 foyers au 21 décembre. 

C'est une situation sans précédent.

Allain Bougrain-Dubourg

Président de la Ligue pour la protection des oiseaux

Face à cette hécatombe, la LPO dresse un état des lieux sur les connaissances actuelles du virus H5N1 et de la façon dont il se propage entre oiseaux sauvages et domestiques. 

    Les oiseaux sauvages migrateurs sont-ils responsables de la propagation du virus ?

    "Il est inacceptable de réduire la culpabilité de la propagation du virus à la faune sauvage. L'enjeu n'est pas d'empêcher qu'ils portent des virus, mais d'éviter que les souches de ces virus ne pénètrent dans les élevages.

    Et les voies de circulation sont nombreuses. C'est déjà arrivé qu'une souche se développe dans un élevage à cause d'un passage humain, parce que les personnes avaient probablement marché dans des sécrétions et les ont introduit sans le savoir dans l'élevage ou la basse-cour."

      Comment lutter pour éviter la transmission du virus entre les oiseaux ?

      "Aujourd'hui, nous ne sommes pas organisés pour affronter des situations d'urgence comme celle-ci. La surveillance du virus et les mesures de biosécurité ne suffisent plus. 

      Il y a besoin de diminuer la densité des élevages et d'améliorer les conditions sanitaires de détention. Toute forme de concentration favorise la circulation du virus, et il existe des élevages d'un million de volailles.

      Il faut aussi diminuer les éléments de stress des animaux détenus, et élever des races locales plus résistantes au virus."

      Quels sont les obstacles à la vaccination des volailles ? 

      "Vacciner les volailles pose un problème global et technique. Déjà, il n'existe pas encore de vaccin pour la souche qui sévit actuellement.

      Ensuite, la vaccination impacte le commerce international puisque les volailles vendues n'ont pas d'anticorps. Si on leur administre un vaccin, elles en produiront alors que certains marchés importateurs ne veulent pas d'oiseaux qui ont des anticorps."

      Quels sont les risques du virus pour les humains ? 

      "Le H5N1 ne présente pas de grands risques pour la santé publique. Même si l'Organisation mondiale pour la santé considère le virus comme une menace potentielle, il n'y a pas de certitude.

      Le premier cas de passage du virus à un humain date de 1997. Il y a eu 800 cas en France depuis, dont 400 décès. Le virus est donc plutôt létal lorsqu'il est transmis, mais il est reste peu transmis aux humains."

      Les vaccins en phase d'expérimentation 

      Jeudi 22 décembre, Marc Fresneau, ministre de l'Agriculture, s'est rendu à la Roche-sur-Yon pour présenter le plan d'action pour l'élaboration d'une stratégie de vaccination dans le cadre de l'épizootie de grippe aviaire.  

      Conçu avec l’ensemble des parties prenantes (administrations, agences sanitaires, interprofession), ce plan vise à définir et à développer une stratégie vaccinale en complément des mesures de biosécurité.

      Pour le moment, les vaccins sont en cours d'expérimentation sur des palmipèdes et la surveillance des oiseaux sauvages et d'élevage est toujours de mise. La vaccination sera en discussion devant l'OIE, l'organisation mondiale de la santé animale en juin 2023.

      Cinq pays dans l'Union Européenne expérimentent à ce jour le vaccin. Une phase indispensable pour concevoir des vaccins sûrs et efficaces, qui faciliteront les négociations pour continuer d'exporter les volailles vers des pays tiers. 

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