Grippe aviaire. Certains éleveurs peuvent commencer à repeupler leurs exploitations de volaille

Le ministère de l'Agriculture annonce mardi 28 février que certains aviculteurs vont pouvoir progressivement repeupler leurs élevages. Le recul de l'épizootie de grippe aviaire permet un début de retour à la normale dans les exploitations les moins denses, mais la vigilance persiste pour éviter une nouvelle vague.

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Jacques Dupont est éleveur de poulets et de canards à Saint-Étienne-de-Mer-Morte, à la frontière entre la Loire-Atlantique et la Vendée.

Son exploitation, "les Volailles des rondelières", est en plein dans le zonage qui a imposé une mise à l'arrêt de la production de volailles en raison de la vague hivernale 2022-2023 de l'épizootie de grippe aviaire.

Le ministère de l'Agriculture a annoncé ce mardi une nouvelle qui pourrait bien soulager l'agriculteur. Une partie des exploitations agricoles va pouvoir accueillir de nouveaux animaux, notamment dans les départements des Pays de la Loire.

Un semblant de calme après la tempête déclenchée par l'influenza aviaire dans les élevages de l'ouest de la France, vidés par les abattages massifs.

La situation sanitaire apparaît stabilisée depuis quelques semaines dans la région Pays de la Loire et dans le Sud-Ouest

Ministère de l'Agriculture et de la souveraineté alimentaire

Une "stratégie de repeuplement"

"Le nombre de foyers hebdomadaires dans la région Pays-de-Loire a diminué progressivement, grâce au renforcement des mesures de gestion et à la réduction des densités de volailles", écrit le ministère.

Cette amélioration conduit à la mise en marche d'une "stratégie de repeuplement" qui sera lancée d'abord dans les "zones les moins denses en palmipèdes dans les prochains jours". 

Jacques Dupont nuance cette reprise, qui ne signifie pas tout à fait un retour à la normale : "On ne peut pas remettre en place tout d'un coup".

Il aurait dû accueillir de nouveaux canards au début du mois de janvier, mais devra attendre jusqu'à la fin du mois d'avril. Pas uniquement en raison des restrictions, mais aussi de l'organisation de la filière.

"Je travaille avec un abattoir qui s'occupe de faire le planning entre plusieurs éleveurs et gaveurs. Ils ne vont pas pouvoir aller au-delà de leurs capacités d'outil et de conditionnement. Et leurs clients ne vont pas acheter la production d'un an en deux mois", explique l'éleveur.

La vigilance reste de mise

Ses 7 bâtiments et 20 hectares de "parcours clôturé en extérieur" dédiés aux canards restent vides, comme ils l'étaient déjà de la mi-mars à la mi-juin 2022. 

C'est aussi le cas d'autres élevages, dont certains ne seront pas repeuplés avant le mois de mai. Le ministère signale que le repeuplement reste interdit "jusqu’au 15 mai dans les 45 communes les plus denses mais également dans un rayon de 3 kilomètres autour de 30 élevages à fort enjeu stratégique pour la génétique aviaire".

Ces précautions visent à mitiger le risque de relancer l'épizootie. Six foyers ont été déclarés depuis le 13 février dans le département des Côtes d’Armor, et la faune sauvage est toujours largement contaminée, et les basses températures de fin février "favorisent la survie du virus"

Les petits élevages plus vulnérables

Le ministère de l'Agriculture fait aussi le point sur les indemnisations correspondant aux deux vagues d'influenza aviaire.

Le paiement des soldes des indemnisations pour la période 2021-2022 a été déclenché par FranceAgriMer. Une bonne nouvelle pour les éleveurs victimes de pertes économiques. Il dénonçaient un retard de versement, comme Jacques Dupont : "Il va me manquer 8 000 € sur l'année 2022".

L'éleveur déplore des manquements dans le dispositif d'indemnisation, notamment pour soutenir les plus petites exploitations, comme l'élevage de poulets en plein air en vente directe (1 500 volailles par an) qu'il gère en parallèle de son élevage de canards (52 000 canards par an).

"J'ai repris l'activité sur cet élevage parce qu'il est moins dense, il y a deux fois moins de volailles au mètre carré. Ce type d'élevage n'est quasiment pas touché par la grippe aviaire. Mais on est soumis aux mêmes obligations d'abattage qui peuvent coûter cher alors que les animaux sont sains, et certains éleveurs culpabilisent de reprendre".

Membre de l'association Sauve qui poule, il défend ce modèle d'exploitation et pointe son manque de représentation au niveau interprofessionnel et national.

Des annonces sur les indemnisations de la période 2022-2023

Concernant la crise 2022-2023, qui comprend l'épisode hivernal actuel, plusieurs paramètres du dispositif ont été définis :

  • actualisation du barème d'indemnisation au printemps pour tenir compte de la hausse des coûts de production dans les exploitations
  • taux d'indemnisation à 90% des pertes économiques subies pendant la période de restrictions sanitaires
  • taux d'indemnisation à 50% des pertes économiques à la levée des restrictions. Ce taux peut être revu pour des cas spécifiques (difficulté de repeuplement, remise en production tardive en raison de restrictions complémentaires dans certains élevages)
  • taux d'indemnisation à 80% pour les exploitations qui devront abattre leur cheptel lors de l'hiver prochain

Le ministère annonce également poursuivre sa stratégie vaccinale pour prendre une décision sur un scénario en mai. La vaccination a été officiellement autorisée dans l'Union européenne le 20 février.

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