Cela fait trois ans maintenant que 150 éleveurs de Loire-Atlantique et de Vendée défendent l'idée de l'abattage à la ferme. Ils ont créé pour cela une association, l'AALVIE. Avec ce credo : plutôt que d'emmener l'animal à l'abattoir, c'est l'abattoir qui se déplacerait dans l'exploitation.
C'est une ferme à taille humaine avec des pâturages au rythme des saisons. Chez Guylain Pageot , dans le pays de Retz, près de Nantes, ses vaches et son taureau sont des individus à part entière. Pour cet éleveur, l'abattage à la ferme serait une manière de rendre aux animaux un peu de ce qu'ils donnent au quotidien.
lIs m'ont fait confiance, de leur naissance jusqu'à maintenant, pour moi, c'est hyper important qu'on puisse aller dans cette notion de respect de la mort de l'animal.
Guylain PageotAgriculteur
"C'est le respect de l'animal, mais on s'aperçoit que c'est aussi le respect de nous, en tant qu'éleveur-éleveuse dans nos choix, et c'est le respect aussi des abatteurs, explique l'agriculteur, quand ils vont pouvoir venir le faire à la ferme, avec un animal serein, le métier de boucher, on va dire, va prendre tout son sens".
"Il peut y avoir une solution meilleure"
A Coëx, au cœur de la Vendée, Morgan Tessier fait lui aussi partie des 150 éleveurs qui portent le projet.
Face à des abattoirs qui poussent à grossir et à passer des contrats, lui et ses frères souhaitent conserver toute leur autonomie.
"Soit en fait, vous vendez à quelqu'un qui vient vous acheter des bêtes, mais à tel prix, avec un cours de marché qui, lui après, va commercialiser votre bête et vous ne savez pas où elle va aller, expolique l'éléveur, nous, aujourd'hui, la bête, elle est née chez nous, elle est élevée, bientôt peut-être abattue, du coup, à la ferme, et derrière, on sait où elle va".
Une demande également portée par les consommateurs, nombreux à visiter la ferme et à vouloir plus d'éthique dans l'assiette.
"Quand on voit des reportages sur l'abattage dans les abattoirs actuels, c'est sûr que s'il peut y avoir une solution qui soit meilleure, c'est évident qu'on est partants".
En trois ans, le projet d'abattoir à la ferme a évolué, passant d'une remorque à un vrai site artisanal.
"L'idée, c'est qu'il y ait un abattoir de proximité locale avec un prolongement mobile, Charline Devis
animatrice de l'Aalvie, donc seulement une remorque qui part de cet abattoir, qui va sur la ferme, qui abat l'animal et qui revient à l'abattoir pour la mise en carcasse".
L'association doit maintenant boucler son plan de financement. Sept millions d'euros pour offrir aux bovins une fin plus digne et plus sereine.
Le reportage d'Éléonore Duplay, Juliette Poirier, Sophie Boismain et Antonin Bechu