L'ancien directeur de cabinet du maire aurait abusivement utilisé une carte bleue de la ville. La somme détournée serait évaluée à 30000 euros.
Ça a d'abord été une rumeur. En interne. Puis le bruit s'est amplifié jusqu'à sortir des bureaux feutrés de la mairie.
L'ancien directeur de cabinet du maire, qui travaille depuis le mois de juin dans une autre collectivité, toujours en Vendée, aurait utilisé à des fins personnelles une carte de paiement de la ville, engendrant un trou dans la caisse avoisinant les 30 000 euros.
Le maire, Luc Bouard a porté plainte auprès de la procureure de La Roche-sur-Yon, avant l'été.
Il a aussi fait amende honorable, par voie de presse.
Insuffisant pour Stéphane Ibarra, chef de file de l'opposition yonnaise, qui estime que le maire minimise l'affaire.
Il a pris la parole lors de la dernière séance du conseil municipal, le 24 septembre pour dénoncer les faits.
" Il s'agit d'un délit, grave, dans le secteur privé, c'est un abus de bien social, concernant notre municipalité il s'agit d'un détournement de fonds publics. Et cela ne sera pas réparé par le seul remboursement des sommes dûes (...) La somme non plus n'est pas anecdotique, nous parlons de 30 000€. Lors de notre conseil ce soir, nous allons attribuer un peu plus de 100 000€ pour sauver des associations de la crise du Covid. 30 000€ c'est le tiers de cette somme, indispensable aux habitants de notre ville."
Des frais réglés en carte bleue municipale?
Ce matin au téléphone, Stéphane Ibarra pointe ce qu'il estime être de la légèreté dans les propos du maire. "Il nous a dit qu'il se sentait trahi, qu'il avait confiance dans cet homme. Il nous a aussi confié que ces dépenses injustifiées couvraient des factures personnelles, des achats de vêtements. Ce qui nous intéresse ce ne sont pas les états d'âme de M. Bouard, c'est de savoir combien de cartes bancaires sont en circulation, sur quels critères...c'est de l'argent des yonnais dont on parle et le maire les représente!"
Dans un courrier adressé au maire, les dix élus de l'opposition réclament instamment la mise en place d'une commission, qui intégrerait des habitants, afin de faire toute la lumière sur le préjudice commis et surtout sur le mode de fonctionnement qui prévaut quant au défraiement des élus et des proches du maire.
"S'il y a une carte bleue, c'est qu'une ligne de crédit est ouverte dans une banque. renchérit Nicolas Hélary, l'un des élus de l'opposition. Cela veut dire que c'est la collectivité qui paye. Quels sont les plafonds de dépenses ? Nous ne le savons pas. C'est assez opaque. S'il s'agit de payer des frais de représentation comme des repas au restaurant, les élus et les membres du cabinet sont déjà couverts par leurs indemnités ou leurs salaire. Ce n'est pas aux habitants de régler ces dépenses là."
Les dépenses auraient été effectuées de septembre 2019 à juin 2020. "M. Bouard a porté plainte au mois de juin, or le deuxième tour des élections se déroulait le 28 juin. S'il était au courant avant, et qu'il a gardé le silence pour ne pas troubler la campagne électorale, c'est très grave. Il faut que tous les soupçons soient levés, que nous ayons la preuve que cet argent n'était pas au service du candidat " indique encore Stéphane Ibarra.
Précisions
Pour les besoins de cet article nous avons évidemment tenté de joindre Luc Bouard. Sans succès.La direction de la communication de la ville de la Roche-sur-Yon nous a cependant fait parvenir un courriel apportant quelques précisions relatives à cette affaire. Nous restituons ici le message dans son intégralité.
"Une enquête administrative a été ouverte le 11 juin dernier à l’encontre de l’ancien directeur de cabinet suite à l’utilisation inappropriée de la carte achat mise à sa disposition par la collectivité. En effet, ce dernier n’a pu fournir de justificatifs pour des dépenses réglées par sa carte achat professionnelle.
Il a été reçu par M. Le Maire et la Direction générale des services et a reconnu les faits. Il s’est engagé à procéder au remboursement intégral de la somme dépensée.
A ce jour, l’intégralité de cette somme a été remboursée ; la collectivité n’aura pas à subir de préjudice financier.
Le 1er juillet dernier, la Ville a déposé plainte avec constitution de partie civile auprès de Madame la Procureure de la République pour « usage inappropriée de la carte achat à des fins personnelles ». La plainte est aujourd’hui entre ses mains pour le suivi du dossier".
Suite à cette plainte, une enquête est en cours, menée par les services de la direction départementale de la sécurité publique.