Le Pilier et Dumet : les îles discrètes de notre façade atlantique

En Pays de la Loire, lorsqu'on évoque les îles, deux noms viennent tout de suite à l'esprit : Yeu et Noirmoutier. Mais, à regarder les cartes marines de plus près, deux îles viennent compléter la liste. Beaucoup plus petites, les îles Dumet et du Pilier ont néanmoins un nom et une histoire.

Vous êtes peut-être déjà venu(e) en Loire-Atlantique ou en Vendée pour les vacances et avez fréquenté les plages du littoral atlantique. Mais avez-vous entendu parler de l'île du Pilier ou de l'île Dumet ? En tant que plaisancier, peut-être ? Car ces bouts de terre figurent sur les cartes marines.

L'île du Pilier se situe au nord-ouest de Noirmoutier, en Vendée. L'île Dumet se situe au nord de la Loire-Atlantique, face à Piriac-sur-Mer.

Ces deux îles ont dans leur histoire plusieurs points communs à commencer par leur provenance du continent. La séparation a eu lieu voilà quelque 5000 ans avant notre ère et a emmené les deux plateaux rocheux à quelques encâblures au large de Piriac-sur-Mer et de Noirmoutier.  

Cependant, Dumet et Le Pilier n'en avaient pas pour autant fini avec les hommes...
  

Ile Dumet   47° 24′ 42″ N, 2° 37′ 15″ O

L'île Dumet se trouve à 6 km au large de Piriac-sur-Mer. Elle est la seule île maritime en Loire-Atlantique et s'étend sur une superficie de 8,5 hectares.
Elle est la propriété du Conservatoire du Littoral depuis 1994 mais sa gestion est confiée au Conseil Départemental.

 


Une île, deux forts

La position stratégique de l'île explique les multiples occupations militaires permettant la défense de l’embouchure de la Vilaine. Plusieurs batailles navales se sont déroulées alentour, la plus connue étant la Bataille des Cardinaux. 

Dès le Vème siècle, des Saxons puis des Danois occupent l'île Dumet, viennent ensuite les Vikings, les Espagnols, les Anglais, les moines... mais de ces séjours successifs il ne reste pas de bâti.
 
Aujourd'hui, deux forts construits à partir du XVIIIème siècle sont encore visibles. 

Le fort de Ré (le fort rond situé au nord), est construit vers 1756. Il servit d’habitation pour les anciens gardiens après sa désaffectation en 1782. La tentative de restauration au XIXème siècle n'a pas abouti, seul un feu de signalisation y a été placé vers 1900 suite à plusieurs naufrages. Depuis, le site est à l'abandon, ne subsistent que quelques pignons de murs. 
 
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Le fort carré, construit au centre de l'île en 1845. Plus large et plus robuste, il ressemble aux fortifications de type Vauban.
 
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Une île à vendre 

À partir de 1949, l'île devient la propriété de l'industriel Henri Dresch, fabriquant des motos Dresch. Il y fera réaliser quelques travaux et recevra par ailleurs plusieurs fois la visite de l'actrice Colette Renard. 

Pour continuer dans l'insolite,  l'île change d'occupant en 1953 avec le couple Fleury de Valois qui s'installe dans la maison des gardes, anciennement Fort de Ré.

Trente trois ans durant, ils vivront sur leur île, quasiment comme des Robinson, sans électricité, juste avec un peu d’eau douce. Le courrier ne leur parvient que tous les quinze jours si la mer est d'accord, sinon, ils ont la possibilité de communiquer par radio deux fois par jour.

Un trésor ?

Le monsieur est radiesthésiste et sourcier, la dame est chanteuse. Ils sont chargés de l'entretien du phare construit sur l’île en 1950 en remplacement du premier phare élevé vers 1900.

Mais leur véritable motivation est la recherche d'un trésor, peut-être le « rayon orange » recherché par  le radiesthésiste afin de se procurer énergie et longévité !

En 1986, l'âge du couple l'amène à quitter l'île en hélicoptère pour le continent où ils mourront trois ans plus tard et seront inhumés dans le cimetière de Batz-sur-Mer.

Une île inhabitée

Henri Dresch vend l’île Dumet en 1971. Elle est finalement acquise en 1990 par le Conservatoire du littoral et devient une réserve ornithologique réglementée. 
 

 L'île Dumet au XXIème siècle

Aujourd’hui, l'île Dumet constitue un but de navigation appréciable pour les plaisanciers, mais l'excès de fréquentation et le comportement de certains a amené le Département de Loire-Atlantique à faire appel à des agents à la belle saison pour souligner et expliquer la fragilité du site. A croire que les Vikings se comportaient mieux que les touristes des temps modernes.

Actuellement, l'île continue d'être au coeur des préoccupations du Département avec un buget renouvelé pour la préservation naturelle du site, tandis qu'une association de Piriac s'efforce de restaurer et d'entretenir le Fort Carré, au titre du patrimoine historique. 

Si les hommes ne l'habitent plus, l'île est néanmoins fréquentée par les goëlands pour qui elle représente un habitat privilégié, notamment en période de nidification.
 

Située au large, elle est fréquentée par les courants et les apports alluvionnaires de la Vilaine, ce qui rend très intéressant la culture des moules qui atteignent leur taille commerciale bien plus vite que sur le littoral continental.

Les eaux bleues de l'île Dumet séduisent chaque année des centaines de plaisanciers et voisins de la côte qui, en moins d'une heure depuis Piriac ou les autres îles alentour, ont accès à un petit bout de paradis secret sur l'Atlantique.
 

A 46 km (ou 25 miles nautiques) plus au sud, l'île du Pilier est la plus petite l'île de Vendée.
 
 

Ile du Pilier    47° 02′ 28″ N, 2° 21′ 28″ O

Située à moins de 5 km de la pointe nord de l'île de Noirmoutier, l'île du Pilier s'étend sur 5 hectares. Comme l'île Dumet, elle se situe sur une position stratégique et a donc été base de piraterie et site de fortification militaire. Elle a été également lieu de retraite monastique.
 
Les premières traces d'occupation de l'île datent au Néolithique (de 5000 av. J.-C. à 2 500 av. J.-C), le rocher étant, alors, rattaché à l'île de Noirmoutier.

Les moines cisterciens de l'abbaye de Buzay (située sur les bords de Loire entre Nantes et Saint-Nazaire) y construisent une abbaye vers 1172. Ils y vivent l'isolement, la simplicité et l'austérité tant souhaités. Mais au début du XIIIème siècle, les moines quittent le rocher devenu trop exigeant. Ils construisent sur l'île de Noirmoutier une autre abbaye pour s'y installer définitivement.

Vers le XVIIème siècle, la France est en guerre et menacée par plusieurs nations. L'îlot du Pilier devient un poste avancé idéal pour protéger les navires nantais, armés pour le commerce avec les Antilles.
 
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Le XIXème siècle voit le déploiement des phares sur les côtes françaises. En 1827, un phare est édifié pour le balisage de l’entrée de La Loire. Cette tour tronconique, bâtie en pierre de taille, est haute de 30 mètres (soit un immeuble de 10 étages) et comprend une chambre de veille et la lanterne métallique. A son pied, le logement des gardiens entoure l'édifice. 

Dans la seconde moitié du XIX ème siècle, les systèmes d’éclairage des phares évoluent rapidement et demandent en général d'importantes transformations des édifices. Sur l'île du Pilier, il est décidé d'élever à proximité du premier, un second phare sous la forme d'une tour carrée équipée d’un feu rotatif (1876). En 1887, un sémaphore remplace les bâtiments militaires construits au début du siècle. Deux ans plus tard, le vieux fort du Pilier est déclassé par la Marine Nationale. Laissé à l'abandon, il est désaffecté en 1921. 

En 1994, le Conservatoire du littoral achète au Ministère de la Défense près de 4 hectares (Sud de l’îlot comprenant le sémaphore et son fortin de pierre). L’autre partie de l'île où se trouvent les phares reste propriété du Ministère Français de l’Équipement .

Depuis, le Conservatoire du littoral toujours propriétaire a laissé la gestion de l'île du Pilier à la Communauté de Communes de Noirmoutier et à la Société pour la Conservation de l'Île du Pilier.
 


Michel Pottier, Noirmoutrin d'adoption, a découvert l'île dans les années 70. En 1979, il prend sa première photo sur l'îlot aux côtés des gardiens de l'époque. Il les suivra jusqu'à leur départ définitif de l'île en 1996, les phares étant devenus automatiques.

Dans un livre-photo "Au large de Noirmoutier, l'île du Pilier" (édité en 2007 et épuisé depuis), il raconte le quotidien des gardiens au travers de dizaines de photos. Michel se souvient encore des ordeurs de cire qui envahissaient les lieux et les boiseries reluisantes.

Aujourd'hui, Michel, avec les autres membres de la Sociétéentretient annuellement le sémaphore. Peintures, réparations diverses, ils veulent préserver un édifice rempli d'histoires. Si les batiments sont, à ce jour, bien conservés et protégés, tout autour, les populations de goélands et de lapins ont entraîné une très forte dégradation de la végétation.

 

S'il est recommandé de ne pas fréquenter les îles Dumet et du Pilier entre avril et juin pendant la période de nidification des oiseaux de mer, leur accès est néanmoins possible pour les touristes ou plaisanciers disposant de leurs propres moyens nautiques. En voilier, bateau à moteur ou en kayak, chacun peut profiter de sites uniques et paisibles qu'offrent ces deux îles discrètes de notre littoral atlantique.
 

 





 
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