Les premiers travaux en vue de la création du port de plaisance ont été bloqués par des opposants. Ils veulent créer leur ZAD, leur Zone à défendre, sur un terrain privé... à quelques mètres des travaux.
8 heures du matin, le mardi 8 octobre, deuxième jour de face-à-face. Les opposants au projet de port à Brétignolles bloquent une nouvelle fois les pelleteuses.
Gendarmerie et agents de sécurité tentent de s'interposer, en vain. Le chantier est de nouveau stoppé pour la journée, un soulagement pour les opposants historiques. "En deux jours, on a obtenu plus qu'en 15 ans", se réjouit l'un d'eux.
"Avant il se passait rien, si les jeunes n'avait pas été là ce matin pour stopper le bulldozer, il y aurait eu encore plus de dégâts" , explique une autre opposante historique.
"Je n'attendais que ça, qu'une zad se constitue"
Pour assurer cette surveillance 24 heures sur 24, la vie s'organise dans la Zone à défendre. Une installation soutenue par des habitants. Nourriture et matériaux, les dons affluent.
"Je n'attendais que ça, qu'une zad se constitue, parce qu'il n'y a que ça qui est efficace", lance une riveraine, "l'action juridique c'est bien mais ce n'est pas suspensif. On ne peut pas être là à attendre que le saccage se fasse de façon irrémédiable, même si on a gain de cause dans quelques mois" .
Accélérer le combat en créant un lieu d'échanges... Les zadistes en appellent aux opposants historiques et aux habitants des alentours.
Ici il n'y a que des gens pacifiques et de bonne volonté. Des gens à Brétignolles ont peur du mot ZAD, alors que c'est une zone à défendre. Ici, ici on défend la plage - un zadiste
Problème : beaucoup sont encore sceptiques et divergent sur la méthode.
"La zad non, il faut faire une marche comme on a fait dimanche, ça suffit" , lance un riverain.
"Il y a des lois en France, il faut les respecter", rappelle Nicolas Ducos, élu d'opposition "Agir pour Brétignolles", "pour l'instant, on n'a pas purgé tous les recours gracieux. Il faut surtout qu'on tienne compte des arguments de bon sens qui tiennent compte de la loi littoral, de la loi sur l'eau. D'abord on rencontre les gens, on leur explique le dossier et ensuite il y a ou pas blocage".
Le port après l'aéroport ?
Impossible d'affirmer qu'une nouvelle ZAD de l'ampleur de celle de Notre-Dame-des-Landes s'installe à Brétignolles-sur-mer.Le SOS humain formé par plus de 2000 personnes sur la plage ce week-end rappelle les fresques humaines tracées régulièrement par les opposants au projet de l'aéroport.
Pendant le rassemblement pas encore d'autocollant mais un slogan qui claque : "Balance ton port", en référence à la campagne anti harcèlement "Balance ton porc"Tout mon soutien à celles et ceux qui se mobilisent aujourd’hui à #Brétignolles contre un projet destructeur du littoral https://t.co/szDUJ0Usww
— Yannick Jadot (@yjadot) October 6, 2019
Pas de route des chicanes, pas encore de ferme des Cent noms, même si une ferme proche de la zone des travaux et propriété de la mairie a été occupée dimanche et a nécessité l'intervention des forces de l'ordre.
Lundi matin, les premiers travaux ont été stoppés par des chaînes humaines empêchant les engins de chantier.
Tandis que d'autres pointent déjà la nécessité de plus de radicalité. En soulignant que, sans les zadistes, l'aéroport serait peut être déjà construit.
"Retrouver le calme sur notre territoire"
Le projet de port de Brétignolles est né en 2002, porté par le maire de Brétignolles-sur-Mer, Christophe Chabot."Cette Zad qui est en train de s'installer, s'installe au coeur d'une zone urbaine et quand on fait une comparaison avec Notre-Dame-des-Landes, on n'est pas du tout dans le même contexte. Il y a des risques d'affrontements", a-t-il expliqué mardi soir sur le plateau de notre édition régionale."La question est : comment est-ce qu'on fait pour que la situation ne dégénère pas à Brétignolles-sur-Mer, pour qu'il n'y ait pas un conflit pro zadiste ou anti zadiste sur Brétignolles. Comment est-ce qu'on fait pour retrouver le calme sur notre territoire ?", s'interroge-t-il.
La municipalité a déposé "un certain nombre de plaintes", selon Christophe Chabot, "je suis plutôt inquiet parce qu'aujourd'hui je ne suis pas sûr que les Brétignollais, et peut-être plus généralement les Vendéens, vont attendre que les décisions de justices soient prises".
A l'heure qu'il est, la première phase de travaux est terminée. Le blocage du chantier n'a cependant pas permis de déblayer les lieux, notamment les arbres qui ont été arrachés par les pelleteuses.
Le calendrier prévoit le démarrage des travaux de création du port en janvier.