Jean-Luc Van Den Heede a terminé 1er de la Golden Globe Race. Le navigateur hollandais Mark Slats, a lui, terminé deuxième après 214 jours de mer. Entretien croisé de deux géants des mers.
Les deux skippers profitent de quelques jours de repos au port des Sables d'Olonne pour échanger sur leur tour du monde à l'ancienne, sans assistance électrique, GPS, ni moyens de communication modernes.
Mark Slats et Jean-Luc Van Den Heede sont revenus après plus de 200 jours en mer passés seuls sur leur bateau... Ils racontent leur périple, avec ses épreuves physiques et morales, mais aussi ses moments de bonheur.
DES INSTANTS D'EXCEPTION
"Il y a des moments où, d'un seul coup, il y a une baleine qui sort à 10 mètres du bateau, qui souffle, puis qui replonge, puis au bout de 2 minutes, pof, elle remonte. Et tout ça, en restant le long du bateau" évoque Jean-Luc Van Den Heede, "elle est sortie 5 fois en restant le long du bateau. A un moment, elle passe devant... C'est des moments dont on se rappelle".
"J'ai repensé des milliers de fois à l'Océan Pacifique. C'était génial. J'avais des vents forts dans le sens dans la voile qui grimpaient jusqu'à 35-45 noeuds", se remémore Mark Slats, "j'allais vite et je m'amusais. J'adore quand je suis presque en train de perdre le contrôle du bateau."
LA GOLDEN GLOBE RACE
"Cette course ne repose pas que sur l'argent. Ça ne dépend pas de celui qui aura le dernier équipement en carbone ou qui aura les meilleures voiles", explique Mark Slats, qui a fait son tour du monde sur un Rustler 36, "on a tous les mêmes bateaux...cette course repose plus sur l'endurance humaine, des skippers sur leur bateau."
"C'est pour ça qu'il y a un certain engouement sur cette course, c'est que c'était davantage à l'échelle humaine et à l'échelle de ce que les gens connaissent"."Ça c'est le bateau de Monsieur tout le monde. Vous descendez dans un 60 pieds actuel, vous verrez, ce n'est pas comme ça, les vernis sont moins bien faits" s'esclaffe VDH
LA COURSE
"Certes c'est une course, mais avant d'être une course, c'est une aventure sur le long terme pendant laquelle il n'y a pas de repos", explique Jean-Luc Van Den Heede.
"Quand j'ai commencé à me rapprocher de Jean-Luc, la course est vraiment devenue plus intéressante. Je n'ai jamais abandonné l'idée de le dépasser. J'ai dit à tout le monde que j'allais le rattraper au bout d'un moment", raconte Mark Slats.
LES DOUTES"Normalement je suis plus un aventurier, mais je suis devenu progressivement un compétiteur" - Mark Slats
"A partir du moment où j'ai chaviré et que mon mât s'est déchiré sur ça", une dizaine de centimètres, montre VDH, j'ai été anxieux pendant tout le retour, je ne pensais même pas que j'y arriverai", se souvient le skipper de 73 ans.
"Je me suis dit : peut-être que c'est un peu trop dangereux comme course. Mais plus tard j'ai compris que c'est comme ça. Et les gens doivent savoir que ce n'est pas simple d'être en plein milieu de l'océan", explique Mark Slats.
L'ARRIVEE
"Et c'était vraiment impressionnant vous savez car je ne suis même pas Français. Et pourtant, il y avait beaucoup de Français à m'encourager, c'était vraiment bien", se réjouit Mark Slats."A l'arrivée, c'était incroyable de voir tous ces gens au milieu de la nuit. Ils étaient partout sur les jetées. Il y avait 20-25 bateaux en mer... Les pontons étaient bondés de monde" - Mark Slats
"J'ai appris à cette occasion que j'étais le plus vieux circumnavigateur sans escale"."Le 1er Vendée Globe, on fait 3e, le deuxième, second, celui-là on le gagne, c'est forcément un grand moment" - VDH
► VDH - Slats : l'entretien