Le projet Jourdain, entièrement porté et piloté par Vendée Eau, le syndicat départemental, veut devenir un pionnier environnemental européen en recyclant des eaux usées pour en faire de l'eau potable.
Et si nos eaux usées étaient traitées pour revenir dans le robinet ? Pour l'instant le recyclage de l'eau pour la consommation n'existe nulle part en Europe. Mais ce n'est qu'une question de temps, il va bientôt être expérimenté en Vendée.
Dans le département, il y a urgence. Par exemple, le barrage du Jaunay est la seule réserve d'eau potable pour approvisionner 25% des habitants du département. Dans cette réserve, il n'y a pas de nappe phréatique. 90% de l'eau est en surface et les sécheresses à répétition deviennent alarmantes.
Des sécheresses alarmantes
"Nos réserves sont à peu près pleines sauf que les rivières qui réalimentent ces retenues sont à des niveaux très faibles. La pluviométrie a été très faible depuis le début de l'année", constate Jérôme Bortoli, directeur général de Vendée Eau, le service public d'eau potable du département.
En plus de ces sécheresses à répétition, chaque année, la Vendée gagne entre 5 000 et 10 000 habitants. Tout cela sans compter les vacanciers, qui multiplient par 4 la population des Sables-d'Olonne en été. Pour faire face à cette nouvelle demande, les eaux usées ne sont plus un déchet mais un véritable trésor.
L'usine d'affinage de l'eau prévue pour 2023
L'agglomération des Sables-d'Olonne va donc lancer, d'ici 2023, une expérimentation pour recycler ces eaux usées : "Tous les micropolluants, résidus médicamenteux ou bactéries qu'on peut imaginer vont être piégés. On va donc avoir une eau qui est de meilleure qualité que celle de la rivière dans laquelle on va rejeter cette eau d'habitude", poursuit Jérôme Bortoli.
De manière générale, l'eau du barrage est rendue potable puis consommée par les habitants. Ensuite, elle est dépolluée et rejetée en mer. Dans le projet Jourdain, les eaux seront à nouveau traitées avant de passer dans une zone végétalisée, puis réintroduite dans le barrage.
D'autres solutions existent, comme le dessalement de l'eau de mer, mais selon les élus, le recyclage a l'avantage d'être moins cher, et bien plus écologique.
"On étudie à terme le dessalement de l'eau de mer mais dans l'état actuel des technologies, ça consomme beaucoup beaucoup d'énergie. On va pas créer une centrale nucléaire sur le bord de la mer pour pour dessaliniser l'eau de mer", explique Yannick Moreau, président des Sables-d'Olonne Agglomération.
La construction et l’exploitation de la future usine d’affinage des eaux usées est prévue pour 2023. Une première en Europe, même si l'Australie ou Israël utilisent déjà l'eau recyclée depuis des décennies. Il faudra attendre l'année prochaine en Vendée. De nombreuses villes, comme Saint-Malo, Cannes ou encore Granville, se disent intéressées.