Vendée Globe 2020 : entretien avec Antoine Mermod, président de la classe Imoca

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Un départ à huis-clos, mais un départ inespéré. Deux jours avant le coup d'envoi du Vendée Globe 2020, entretien avec Antoine Mermod, le président de la classe Imoca, ces bateaux monocoques de 60 pieds tout spécialement conçus pour l'Everest des mers.

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Antoine Mermod, vous êtes président de la classe Imoca, ces voiliers de 60 pieds conçus pour disputer le Vendée Globe et la Route du Rhum. Cette compétition qui aura lieu, sans la fête, mais maintenue malgré tout, c'était inespéré ?

C'était inespéré. La météo sera absolument formidable dimanche, donc j'incite vraiment les gens à suivre ce départ sur leurs écrans. Malheureusement pour les skippers, nous ne pourrons pas avoir le spectacle du chenal, qui est un moment absolument formidable. D'habitude, ce sont des dizaines de milliers de personnes qui accompagnent les marins vers leur tour du monde. Cette année, ceux qui participent pour la première fois au Vendée Globe seront privés de cette partie de la course, de ce moment qui fait partie de l'âme du Vendée Globe. Du coup, ce devrait être une forte motivation pour eux, pour arriver le plus vite possible et avoir cet accueil de la part des Sablais et des Vendéens.
Lors de cette édition, 19 skippers sur 33 seront équipés de foils. Ces ailes profilées qui se situent sous les navires pour quasiment voler sur l'eau peuvent offrir la victoire, on l'a vu il y a quatre ans avec Armel Le Cléac'h. Est-ce qu'il ne faudrait pas faire deux classements différents, avec et sans foils ?

Non, pas du tout. Parce que le Vendée Globe c'est une course autour du monde mais la compétition, en fait, commence 4 ans avant. C'est d'abord une compétition entrepreneuriale, pour réunir une équipe, pour trouver un budget. C'est ensuite une compétition technologique pour assembler le bon bateau pour gagner le tour du monde. A priori, actuellement ce sont les bateaux à foils qui sont les plus performants. Et, enfin, c'est une compétition sportive, celle qu'on va vivre à partir de dimanche qui ,elle, couronnera le marin.

Les foils de Sébastien Simon valent 600 000 euros la paire. Cela veut dire que c'est une course au budget, ce n'est plus une course sportive ?

Justement, c'est pour ça que j'évoquais la course entrepreneuriale. C'est une course qui commence longtemps à l'avance. Aujourd'hui, on travaille déjà sur le Vendée Globe 2024. Il faut être capable de trouver des partenaires, de réunir des budgets pour financer le bateau. Cela fait partie de l'équation à résoudre pour être bien positionné sur la course Vendée Globe.

Les bateaux de la classe Imoca sont aujourd'hui des Formule 1 des mers. Les bateaux sont de plus en plus rapides, de plus en plus légers, même s'ils pèsent entre 7 et 8 tonnes. Est-ce que cette évolution ne se fait pas au détriment de la sécurité ?

Il y a eu beaucoup de drames, mais ils se sont produits dans les années 1990. Plus on s'approche des années 2020, moins on connaît d'accidents, même s'il y en a toujours. Il y a un travail fondamental avec tous les skippers, les architectes, les designers des bateaux, mais aussi avec les entraîneurs pour être capable de préparer les hommes, préparer les bateaux. D'apprendre aussi des différents accidents qu'il y a pu avoir dans le passé. Mais il faut dire que le risque zéro n'existe pas. Pour les skippers qui partent autour du monde, c'est quelque chose d'extrêmement engagé, et c'est aussi ce qu'ils vont chercher. Mais nous avons une réflexion sur la sécurité, qui est constante dans les années qui précèdent la course.

Qui se trouve autour de la table pour fixer les règles de la classe Imoca ? Êtes-vous des marins ? Êtes-vous suffisamment expérimentés pour savoir ce qu'ils vont vivre autour du monde ?

Les règles sont fixées par la classe Imoca. C'est l'association des armateurs et des skippers de ces bateaux qui se trouvent au départ du Vendée Globe. Dans cette association, il y a un comité technique, avec en majorité des ingénieurs et des directeurs techniques des équipes, certains designers de bateaux, et des chantiers qui se réunissent et définissent les règles pour les quatre prochaines années. 

On reproche parfois à la classe Imoca de ne pas faire de bateaux recyclables, c'est à dire que rien n'est bon une fois que c'est déconstruit. Est-ce que vous pouvez changer des choses ?

C'est vrai qu'on ne fait peut-être pas des bateaux recyclables, mais on fait surtout des bateaux durables qui sont extrêmement bien construits. Il y a eu 97 Imoca qui ont été construits depuis 1989. Il y en a quelques-uns qui ont coulé ou qui ont disparu, mais la majorité naviguent. Ils sont soit au départ de ce Vendée Globe, soit ils ont été convertis en bateaux de croisière et ils ont une retraite bien méritée.
Mais à l'avenir, est-ce qu'il ne faut pas faire des moules pour avoir des bateaux identiques et éviter de tout à chaque fois ?

On mutualise déjà beaucoup de choses. Les bateaux ont les mêmes mâts et les mêmes quilles, et il y a beaucoup de pièces qui sont communes à certains bateaux. Mais effectivement, c'est un travail très important pour les skippers. Nous avons deux personnes qui travaillent depuis trois ans, pour trouver les meilleures solutions, afin  que les bateaux de 2024 aient un impact inférieur à ceux d'aujourd'hui.

Six femmes sur 33 skippers au départ de la course, ce n'est pas beaucoup, mais c'est déjà mieux que rien ?

Ce n'est pas beaucoup mais c'est beaucoup. Il y a six femmes jusqu'à aujourd'hui qui ont participé au Vendée Globe, sur les huit précédentes éditions. Là, on en a six d'un coup, ce qui multiplie par deux le nombre de femmes. C'est formidable et j'espère que ce sera encore multiplié par deux, peut-être douze femmes dans quatre ans. 









 
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