Lâchée par Banque Populaire, la Française Clarisse Crémer a annoncé mercredi 19 avril avoir retrouvé un bateau, une équipe et un sponsor pour se relancer, malgré sa maternité, en vue du Vendée Globe 2024.
La préparation peut reprendre pour Clarisse Crémer, qui s'est accrochée malgré son débarquement par la Banque Populaire qui avait fait chavirer ses espoirs de participer à l'édition 2024 du Vendée Globe.
La navigatrice de 33 ans a pu rejoindre l'équipe du Britannique Alex Thomson, récent acquéreur de l'ex-Apivia que Banque Populaire lui destinait. Elle reprendra la barre de cet Imoca pour deux ans, grâce au partenariat de L'Occitane en Provence.
Début février, la jeune femme, 12e du dernier Vendée Globe et mère d'une petite fille en novembre 2022, avait plongé le monde de la voile dans l'embarras en indiquant avoir été lâchée par son parraineur en raison de sa grossesse.
Retrait de la Banque populaire de la course
De nouvelles règles de qualification pour le Vendée Globe prennent effectivement en compte la participation à une série de courses en amont, et Banque Populaire s'inquiétait du retard accumulé par la navigatrice face à ses concurrents.
Tombant de haut, Clarisse Crémer a pris la plume, déplorant la perspective de ne pas pouvoir être sur le ponton des Sables-d'Olonne (Vendée) en novembre 2024, contrairement à son compagnon Tanguy Le Turquais, dont le propre projet de Vendée Globe n'a pas été perturbé par la naissance de leur fille.
Il y avait clairement une volonté de susciter le débat.
Clarisse CrémerNavigatrice
Objectif atteint : malgré le silence gêné d'une grande partie du monde encore très masculin des skippers, la polémique a été si vive que Banque Populaire, partenaire reconnu du monde de la voile, a vite jeté l'éponge.
Une équipe, un bateau, un sponsor
Clarisse Crémer a pour sa part gardé le silence. D'une part "pour ne pas focaliser le débat sur (sa) personne", et d'autre part parce qu'elle s'est très vite lancée à plein temps dans un nouveau projet.
Elle a d'abord été appelée par Alex Thomson. Ce marin britannique de 49 ans, qui s'est lancé dans la direction d'équipe après cinq participations au Vendée Globe, a racheté en mars l'Imoca que le groupe bancaire français avait acquis en 2022 pour Clarisse Crémer.
Le contact s'est ensuite fait avec L'Occitane, qui avait accompagné le navigateur français Armel Tripon, 11e du dernier Vendée Globe.
"L'égalité hommes/femmes et le développement du leadership féminin sont des valeurs très importantes pour nous", selon Adrien Geiger, directeur général de l'entreprise de cosmétiques.
"On s'est embarqué dans cette histoire en disant qu'il fallait que Clarisse fasse le Vendée Globe", a-t-il ajouté, en évoquant le congé parental de quatre mois qu'il a lui-même pris en 2022.
"C'étaient les trois pierres angulaires du projet : une équipe, un bateau, un sponsor", a déclaré la navigatrice, qui entend se lancer désormais dans une "course contre-la-montre" pour enchaîner les milles nécessaires à sa sélection.
Une évolution des règles du Vendée Globe pour 2028 ?
Sur ce point, la direction de la course, qui semblait intransigeante en février, a adouci son discours, laissant entendre que tout serait fait pour permettre à Clarisse Crémer de prendre le départ et promettant surtout de réviser ses règles pour l'édition 2028.
Consciente d'être devenue un symbole, la Française est bien décidée à profiter de sa médiatisation pour faire avancer le débat sur la maternité au cours des prochaines années.
La parentalité n'a pas du tout la même conséquence sur une carrière, en particulier sportive, pour un homme et pour une femme. On ne demande pas que tout soit pareil, on demande que ce soit possible, que la maternité ne soit pas un frein rédhibitoire.
Clarisse CrémerNavigatrice
Pour l'instant, elle se dit "concentrée sur le sportif" et impatiente de retourner naviguer. Son voilier à foils, encore en chantier, doit être remis à l'eau en juin et la première course est prévue en juillet.
Sur ce bateau, le skipper français Charlie Dalin a remporté la Transat Jacques Vabre en 2019 et terminé deuxième du dernier Vendée Globe.
"C'est un super outil, hyper fiable", a estimé la compétitrice qui entend faire la fierté de sa fille en allant "embêter les meilleurs".
Avec Agence France Presse