Vendée : dans le marais poitevin, des bouées vont mesurer au centimètre près les niveaux d'eau

Les marais sont des écosystèmes fragiles et pourtant essentiels dans leur capacité à stocker le carbone. Dans le marais poitevin, les scientifiques installent des bouées afin de relever au cm près les hauteurs d'eau, pour mesurer et comparer deux modes de gestion, celui des agriculteurs et celui du conservatoire.

Les bouées installées sur les canaux du marais poitevin par les scientifiques de l'INRAE sont d'une simplicité absolue, elles sont d'ailleurs conçues en open-source : trois bouteilles plastiques pour assurer leur flottaison, une antenne et un cordon d'alimentation relié à un panneau photovoltaïque pour son autonomie en énergie. 

Une dizaine de bouées de la sorte vont être installées sur différents canaux du marais poitevin, deuxième zone humide de France, afin de mesurer très finement les hauteurs d'eau. Ce 7 novembre, deux d'entre elles ont été positionnées, à quelques mètres l'une de l'autre, dans le marais de la Vacherie, sur la commune de Champagné-les-Marais, des espaces dont la gestion est confiée à des acteurs différents, des agriculteurs d'une part et la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) d'autre part.

Façonné par l'homme, le marais est tout à la fois une réserve de biodiversité et un lieu d'élevage et de cultures. Il a aussi un rôle essentiel pour accueillir les crues, filtrer l'eau et emmagasiner le carbone.

Ces territoires ont besoin d’une gestion collective pour limiter les crises, les périodes où il y a beaucoup d’eau et celles où il y a un manque d’eau. Trouver l’équilibre entre ces deux périodes est toujours très complexe.

Victor Turpaud-Fizzeala

Conservateur de la réserve naturelle régionale de la Vacherie

Des acteurs aux attentes différentes

"Le conservatoire va avoir tendance à stocker l’eau au printemps, au contraire des agriculteurs qui vont relarguer de l’eau à cette période", explique Vincent Boutifard, coordinateur du programme MAVI (maintien des marais vivants face au changement climatique). "Si on garde plus d’eau dans les marais en hiver, quel sera l’impact sur le stockage du carbone ou sur certaines espèces animales ou végétales", s'interroge-t-il également.

Grâce aux bouées et à ses équipements GPS, les scientifiques vont disposer de données fiables, des mesures de hauteur d'eau au centimètre près, heure par heure, par rapport au niveau de la mer.

Ensuite, on va faire une batterie de tests, des suivis scientifiques, sur la faune, la flore, le stockage du carbone et on va voir l’impact de ces méthodes de gestion de l’eau.

Vincent Boutifard

Coordinateur du programme MAVI

"On pourra suivre exactement les surfaces inondées, suivre le stress hydrique que subissent les prairies, comment vont évoluer les milieux en fonction de leur durée d’inondation et des niveaux d’eau", confirme Victor Turpaud-Fizzeala. 

Face aux enjeux du réchauffement climatique, la préservation de la ressource en eau et des activités humaines est au cœur de la réflexion. "L’élevage doit se réinventer dans le marais pour faire avec moins d’eau dans l’avenir, anticipe déjà Vincent Boutifard. Les résultats complets de cette étude seront publiés dans cinq ans. 

Un reportage d'Antoine Ropert , Damien Raveleau et Guillaume Rippert. 

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