Ce bûcheron du marais poitevin a une méthode unique : il transporte un train de bois de plusieurs tonnes sur l'eau

Jonathan Perrault est considéré comme le dernier bûcheron du marais poitevin. Chaque été, il achemine du bois par le fleuve en suivant une méthode canadienne. Ce savoir-faire unique en France permet le bon fonctionnement des filières économiques du bois du marais poitevin.

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Jonathan Perrault appelle son convoi "le train de bois". Sur les rigoles étroites, Jonathan sillonne le marais poitevin avec un cortège impressionnant de troncs, long de 250 mètres.

Ce mode de ramassage est courant au Canada, où des trains de bois lourds de plusieurs centaines de tonnes traversent les rivières du pays jusqu’aux ports d'embarquement.

En France, Jonathan est le seul bûcheron à adopter cette technique spécifique et adaptée à la topographie du marais. En tout, son train de bois de trente-quatre tonnes parcourt deux kilomètres entre La Garette et les écluses de la Sotterie. Il n’y a pas de routes, on est obligé de passer par les voies d’eau”, explique Jonathan.

Un ramassage artisanal

Grâce à son mode de transport unique, le bûcheron peut s’occuper d’hectares habituellement inaccessibles. Au milieu de la forêt, il fait tomber un peuplier de seize mètres de haut. “Cet arbre était rendu à maturité, il commençait à pourrir”, ajoute Jonathan.

Le bois découpé ici va partir en scierie. C'est du joli bois, avec très peu de défauts et une grande qualité. Il peut être transformé en de multiples choses, car c’est un bois qui se travaille facilement et qui a pris des lettres de noblesse ces dernières années”, ajoute Pierre Bossard, exploitant forestier et cogérant de la société Bois Nature Energie.

La cinquantaine de billes de bois est mise à l’eau et chaînée à la main une par une. Elles sont ensuite attachées à l’arrière d’un petit bateau à moteur selon une logique spécifique. “Les troncs sont mis par trois : un morceau plus grand au milieu pour diriger le convoi”, précise Jonathan.

Des galères et de la passion

Mais c’est une fois l’entièreté du convoi à l’eau que les difficultés commencent. “Normalement où le bateau passe, le train de bois doit passer”. Or, la nature est pleine d’aléas et pendant le trajet, si une bille de bois coule et s’envase, le convoi sera coupé en deux. Jonathan n’aura pas d’autre choix que de détacher une partie du train de bois.

On est habitué aux galères, il peut avoir du courant et des inondations. Cela fait partie des aléas de la vie, si on baisse les bras, on ne va jamais bien loin”. Ces problèmes n’empêchent pas Jonathan de perpétrer ce savoir-faire depuis 36 ans. “Les anciens m’ont appris cette technique. C’était à une époque où il y avait deux usines sur le marais et où tous les bûcherons faisaient ainsi”, raconte Jonathan.

Sans successeur à l’heure actuelle, il espère continuer son activité aussi longtemps que possible. “C’est un métier qui me plaît, je suis tout seul et je me sens bien dans mon marais”, conclut-il.

Un rôle indispensable dans le marais

Le marais n'est pas qu'un lieu touristique, c'est un secteur économique à part entière où le bois occupe une place importante. Découper, acheminer et permettre à des scieries de traiter les peupliers du marais est donc primordial. "Le bois est à la base de cette filière économique, sans Jonathan, cette ressource ne pourrait pas être utilisée par des intermédiaires", affirme Sandrine Guiheneuf, directrice générale du Parc naturel régional du Marais poitevin. En tout, il y aurait environ 200 000 peupliers sur ce site naturel. "Si les peupliers sont en déclin, les activités de bûcheronnage permettent un renouvellement des essences", ajoute-t-elle.

Grâce à l'aide d'associations nationales, le parc aimerait faire inscrire le savoir-faire de Jonathan au patrimoine immatériel de l'UNESCO.

Voir notre reportage :

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Jonathan Perrault est considéré comme le dernier bûcheron du marais poitevin. Chaque été, il achemine du bois par le fleuve en suivant une méthode canadienne. Ce savoir-faire unique en France permet le bon fonctionnement des filières économiques du bois du marais poitevin. ©France télévisions

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