L'épizootie d'influenza aviaire dure depuis la fin du mois de février, la plus grave jamais enregistrée. La plupart des élevages de Vendée et de Loire-Atlantique sont vides actuellement, et si la production doit repartir dans les prochaines semaines, c'est toute une filière qui est impactée.
La pénurie n'est pas encore flagrante.
Dans cette boutique basée sur l'approvisionnement local, les prix n'ont presque pas bougé, mais il y a moins de poulet, et le rayon canard est presque vide.
"Uniquement les produits sur lesquels nos fournisseurs, nos éleveurs avaient du stock, du canard confit, du foie gras, de l'effiloché. En revanche tout ce qui est non travaillé brut, les tournedos, les pavés, on n'a plus rien depuis un bon mois", explique Sébastien Dupont, dirigeant de la boutique "Les éleveurs".
La solidarité entre régions
Plus de canard dans les élevages, cela signifie aussi des abattoirs fermés depuis de longues semaines.
La solidarité interrégionale joue. Les éleveurs bretons de poulet ont produit plus de volailles, ainsi ils ont pu fournir de la marchandise aux abattoirs vendéens, ce qui limite un peu la casse.
Au cœur de la Vendée, c'est toute une filière qui souffre. Comme cette usine d'aliments bio, qui tourne au ralenti. L'activité volaille a presque disparu.
On n'a que deux lignes, 27 tonnes, alors qu'on pourrait en avoir une dizaine donc ça représente100 tonnes à la semaine quand ça tournait bien
Cédric GrassetOpérateur de fabrication Cavac
"Nous n'avons plus de poussins, de canetons, de dindonneaux. Il nous faudra une année pour retrouver un équilibre complet d'activité normale", explique Frédéric Monnier, directeur du pôle animal de la Cavac.
Si les premiers élevages doivent repartir en production début juin, il faudra plusieurs mois pour retrouver le niveau des commandes d'avant la grippe aviaire.
Ici, la perte est estimée à deux millions et demi d'euros jusqu'à la fin de l'année.
"Après, il nous manquera des jeunes animaux puisqu'en fait ont été touchées les volailles de chair ont été touchées pour la production de viande, mais aussi les volailles de sélection et de multiplication. Il nous manque des poussins, des canetons, des dindonneaux. En fait il faudra une année pour retrouver un équilibre complet d'activité normale", ajoute Frédéric Monnier Directeur du pôle animal Cavac.
"On est obligés de redémarrer dans le temps, et après il nous manquera des jeunes animaux d’un jour puisque tous les animaux ont été touchés. Les volailles de sélection, de multiplication et de production, toutes sont impactées. Nous n’avons plus de poussins, de cannetons, de dindonneaux . Il nous faudra une année pour retrouver un équilibre complet d'activité normale", précise Frédéric Monnier.
Les couvoirs bretons moins impactés pourraient fournir des poussins à leurs homologues ligériens, pense Yannick Lautrou, enseignant chercheur à l’école supérieure de l’agriculture d’Angers.
Inquiétude pour les fêtes de fin d'année
Richard Delanoë est volailler à Nantes. Il apprend depuis plusieurs années à contourner les crises. Courir après les fournisseurs, miser sur les produits traiteurs ou le lapin.
Ce qui l'inquiète le plus, ce sont les fêtes de fin d'année, il ne sait pas si les chapons et les poulardes seront à temps dans les élevages.
"Pour ce qui est de gérer le présent, le quotidien, on va s'adapter, on va faire des brochettes. Ça finalement, on sait malheureusement le faire, ce n'est pas la première crise. Maintenant, Noël, dans les proportions dans lesquelles on se retrouve cette année, ça aura directement un impact sur les fêtes de fin d'année".
Si les élevages et les étals devraient bientôt se garnir à nouveau, il faudra plusieurs mois pour mesurer l'impact de cette crise sur la filière volaille.
À plus ou moins long terme, quand la production va reprendre, le manque de main d’œuvre pour ramasser les poulets dans les élevages risque aussi de poser problème.
Avec cette crise qui dure depuis des mois, beaucoup d’intérimaires, très employés dans ce domaine, se sont tournés vers d’autres métiers.