Deux commissaires-priseurs ont déniché chez une septuagénaire vendéenne un tableau inédit des célèbres frères Le Nain, datant de la première moitié du XVII ème siècle.
En octobre 2017, Philippe Rouillac et son fils Aymeric, tous deux commissaires-priseurs basés à Tours, ont été contactés par une septuagénaire de Vendée. "Elle m'explique qu'elle vend des vieilleries sur Internet et qu'elle a un doute sur un tableau offert par sa grand-mère dans les années 1950", raconte Philippe Rouillac. "Quand je suis arrivé chez elle, le tableau était accroché au mur du salon", se souvient Aymeric Rouillac. Avec l'autorisation de la propriétaire, il emporte le tableau pour l'étudier.
La toile représente un enfant Jésus blond méditant devant une croix : un tableau finalement expertisé comme une oeuvre de très belle facture des frères Le Nain. Selon Stéphane Pinta, du cabinet d'experts parisien Éric Turquin, il s'agit d'une "oeuvre majeure des frères Le Nain, probablement exécutée entre 1642 et 1648, après la naissance de Louis XIV". Le tableau apparaît, fait rare, sur sa toile d'origine. "Il est inconnu et inédit. Comme une grande partie de l'oeuvre des Le Nain. Quand vous observez le visage de l'enfant, vous retrouvez le modèle fétiche des frères" peintres.
"Nous avons fait deux analyses par radio et infrarouge. Tous les spécialistes des artistes sont unanimes ! C'est un Le Nain", selon M. Pinta. Le commissaire-priseur Philippe Rouillac explique que la toile a été "confrontée un jour de fermeture du Louvre avec les quinze autres Le Nain (sur 75 connus dans le monde) exposés là-bas. Non seulement, il n'y a pas l'ombre d'un doute mais c'est aussi l'un des plus beaux".
La toile, une huile de 72 cm sur 54 cm, représente Jésus, à l'âge de 6 à 8 ans, à genoux, les bras croisés sur le cœur. L'enfant blond a les yeux bleus, la peau claire, les traits fins, les joues roses, les lèvres colorées. A terre, le pichet avec lequel Ponce Pilate se lave les mains, l'échelle qui servira à la descente de la croix, la lanterne des soldats, qui s'éteindra au moment de la mort du Christ, les clous... Un paysage crépusculaire et un grand rideau violet accentuent le contraste de cette scène étrange.
► Le reportage de Luc Perot et François-Xavier Mauffrey
Le tableau sera vendu aux enchères le 10 juin au château d'Artigny (Indre-et-Loire). Combien ? Les commissaires-priseurs parlent d'une mise à prix au minimum à un million d'euros. Avec ce type d'oeuvre exceptionnelle, les enchères pourraient grimper à des niveaux élevés.