VIDEO Pêche à la civelle : l'interdiction européenne menace l'avenir des pêcheurs de la région

durée de la vidéo : 00h02mn01s
A quelques jours du début des négociations pour les quotas de pêche à Bruxelles les pécheurs à la civelle tirent la sonnette d'alarme. La commission européenne envisage de fermer ce type de pêche pendant 6 mois alors que la saison vient juste de démarrer. A Saint-Gilles-Croix-de-Vie en Vendée pécheurs et élus parlent déjà de catastrophe économique et sociale. ©France 3 Pays de la Loire

A quelques jours du début des négociations pour les quotas de pêche à Bruxelles les pêcheurs à la civelle tirent la sonnette d'alarme. La commission européenne envisage de fermer ce type de pêche pendant 6 mois alors que la saison vient juste de démarrer.

 A Saint-Gilles-Croix-de-Vie en Vendée pécheurs et élus parlent déjà de catastrophe si la pêche à la civelle venait à être interdite par la Commission Européenne.

Sur les 50 bateaux que compte la flottille de pêche, 17 bateaux vivent directement de ce type de pêche. 

C'est même le principal port de pêche de la région pour la civelle.

Pas d'autre espèce de substitution

Ils ne sont pas sur le même bateau mais ils se retrouvent dans la même galère.

Mathieu pêche la civelle depuis 12 ans et Charlie vient d'acheter son bateau il y a deux mois.

Tous les deux dépendent de la civelle pour au moins 40% de leurs revenus et il n'est pas envisageable pour eux de se rabattre sur une autre pêche.

"On est quand même pas mal de bateaux à Saint-Gilles, on est 17 bateaux" explique Charlie Guédon.

"Tous ces petits bateaux qui iraient la mer l'hiver ça serait un peu compliqué de sortir avec le mauvais temps" rajoute-t-il.

"Les quotas en plus avec tout le monde sur la même espèce ça serait pas terrible pour le prix" conclut le jeune pêcheur qui a racheté son bateau à son oncle, pêcheur comme lui.

Je viens juste d'acheter mon bateau il y a deux mois. Pour moi la civelle représente 40% de mon chiffre d'affaires. Ça serait dommage que ça s'arrête. La civelle c'est une espèce qui existe depuis longtemps, on la pêche depuis 50 ans donc pour moi fermer cette pêcherie c'est pas possible!

Charlie Guédon

pêcheur à la civelle à Saint-Gilles-Croix-de-Vie (85)

un quota annuel de 168 kilos de civelle 

Lors sa dernière sortie, Charlie a pêché un peu plus de 7 kilos de civelle.

Une bonne nuit aidée par des remontées d'eau douce qu'adorent les alevins. 

En ce début de période de pêche le kilo de civelle se négocie autour de 370 euros, dont 40% réservés à la consommation. Et 40% pour le repeuplement de ce bébé anguille.

Jusqu'à la mi avril, selon les quotas européens actuellement en vigueur; les pêcheurs professionnels sont autorisés à prélever 168 kilos entre le premier décembre et le 15 avril.

L'an dernier Mathieu Barreau, qui pêche la civelle depuis 12 ans, a péché son quota en un mois seulement.

D'où son incompréhension de l'attitude de Bruxelles.

"Du poisson il y en a, on voit bien que depuis plusieurs années ça revient" s'exclame Mathieu.

"Et c'est jamais pris en compte!" poursuit-il

Il n'y a jamais personne qui vient voir. On leur dit depuis des années "venez-voir ce qu'on pêche" et il n'y a personne. On remplit des fiches et c'est même pas pris en compte. Tous les jours on fait des déclarations et on ferme les yeux. On est pas entendus!

Mathieu Barreau

pêcheur à la civelle à Saint-Gilles-Croix-de-Vie (85)

Comme preuve Charlie nous tend un carnet orange sur lequel est inscrit le nom de son bateau : le Galejeur. 

"Tous les jours à chaque marée on inscrit le nom du bateau, l'immatriculation, le port d'exploitation, le nom du patron , son adresse et le produit de la pêche. Hier soir on avait 7 kilos 300 de civelles que l'on note avec la destination, ici pour la consommation" détaille Charlie Guédon.

Et ensuite chaque pêcheur doit envoyer un texto quand il livre au vivier le produit de sa pêche.

Selon les professionnels du secteur il s'agit là d'un des nombreux efforts de la filière qui s'est engagée à adapter les engins de pêche, à améliorer la certification et la régulation du marché ainsi qu'à collaborer avec les services de l'Etat afin de préserver cette espèce menacée.

Mobilisation des élus

Le maire de Saint-Gilles-Croix-de-Vie vient d'écrire au secrétaire d'Etat à la Mer et parle de "catastrophe économique et sociale"

Lui aussi dénonce un manque de réalisme européen, notamment face à une ressource qui se reconstitue.

"Le vrai problème c'est qu'on a pas assez d'études" dénonce François Blanchet le maire de Saint-Gilles-Croix-de-Vie.

"IFREMER fait des études mais qui sont très longues : on déclenche une étude et on a les résultats deux ans après et on la met en pratique encore deux ans après" détaille l'élu.

Il y a quatre ans entre le déclenchement de l'étude et sa mise en pratique. Il faudrait qu'IFREMER fasse des contrôles beaucoup plus souvent parce qu'on prend des décisions aujourd'hui sur des études qui ont quatre ou cinq ans alors que l'espèce a beaucoup changé dans un sens ou dans un autre

François Blanchet

maire de Saint-Gilles-Croix-de-Vie

L'élu a prévu de se rendre à Bruxelles pour suivre les négociations des quotas de pêche.

Il rappelle qu'une personne en mer fait vivre 5 personnes à terre.

Il y a 500 entreprises de pêche dans la région et 180 sont concernées par la civelle.

Le maire de Saint-Gilles-Croix-de-Vie rappelle également que la moitié du quota français est pêché en Pays de la Loire.

Et même qu'une civelle sur 3 pêchée en Europe est pêchée dans les Pays de la Loire.

L'actualité "Économie" vous intéresse ? Continuez votre exploration et découvrez d'autres thématiques dans notre newsletter quotidienne.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
Pays de la Loire
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité