Il y a 100 ans, on était loin de l'Union Sacrée dans la presse française...Les militaires étaient parfois violemment contestés...Et les lecteurs ont également pu assister à des querelles entre intellectuels...
En 1914, Romain Rolland est professeur d'histoire de la musique à la Sorbonne. Ecrivain français célèbre, il est trop âgé pour être mobilisé. Il décide donc rester en Suisse où il a passé l'été 14. Cet "exil" durera tout le temps de la Grande guerre. Militant pacifiste, il fait paraître entre 1914 et 1919 une série d'articles dans le Journal de Genève, réunis sous les titres Au dessus de la mêlée et Les Précurseurs (puis plus tard sous le titre L'esprit libre).
Il appelle à la paix et à la fin de cet affrontement entre des nations fraternelles, unies par la même culture.
Mais en ces temps troublés, le pacifisme est assimilé au défaitisme et à l’antipatriotisme, contraire aux intérêts nationaux.
En septembre 1914, Romain Roland écrit :"L’amour de la patrie ne veut pas que je haïsse et que je tue les âmes pieuses et fidèles qui aiment les autres patries."
Ce à quoi répond 2 mois plus tard Maurice Barrès dans L’Echo de Paris : "il n’est plus permis qu’il y ait des pacifistes".
Maurice Barrès est Lorrain. Ecrivain et homme politique, il devient rapidement dans l'entre-2-guerres la figure de proue du nationalisme français. Enfant, il a vu la défaite de 1870 et veut la revanche.
Pendant la Grande Guerre, Barrès est un acteur important de la propagande de guerre qui lui valut d’être élu par Le Canard enchaîné, chef "de la tribu des bourreurs de crâne." L'écrivain se fait le champion du "jusqu'auboutisme" dans les articles qu'il écrit chaque jour pendant 4 ans à L'Echo de Paris.
Romain Rolland le surnommera "le rossignol des carnages"...
Source archives :
- Pathé Gaumont
- Musée Romain Rolland
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