Le Confort Moderne ferme pour travaux. Le 13 février était organisée la dernière soirée de cette salle mythique de Poitiers. Les fans étaient invités à venir saccager leur salle préférée.
"On va détruire le Confort !", s'exclame un jeune dans l'ombre de l'entrepôt qui sert de lieu d'exposition. Près de 700 personnes se sont rassemblées le 13 février pour mettre à sac l'une des salles emblématiques de Poitiers, le Confort Moderne.On repeint le #ConfortModerne ! #Poitiers pic.twitter.com/M18DnSnNqD
— Hugo Lemonier (@H_Lemonier) 13 Février 2016
Derrière le bar, la Fanzinothèque, le vaisseau amiral de la micro-édition française : un fonds de 50 000 fanzines aux couleurs bariolées, la plus grande collection d'Europe née en 1989. Ce soir, il n'en reste que deux salles vides, l'une longiligne, l'autre plus spacieuse et surélevée de quelques marches. Des vadales d'un soir en repeignent les murs. Du barbouilli amateur à la fresque murale, tout le monde est convié à laisser sa trace avant destruction.
Autre attraction de la soirée, le Distopark. Dans un immense entrepôt, un groupe d'artistes "proposent de profiter du chantier pour abolir temporairement les codes de l’exposition". En somme, une exposition proprette, aux cubes d'un blanc immaculé, tourne à l'anarchie quand six assaillants débarquent armés de paintball et mitraillent les oeuvres. En sous effectifs, quatre gardiens tentent de riposter. Tous courent, se cachent, détalent à la vue de l'ennemi et canardent la Vénus de Milo au passage.
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— F3 Poitou-Charentes (@F3PoitouChtes) 13 Février 2016
La nuit vire à la farce. Une dizaine d'étudiants aux Beaux-Arts de Bordeaux traversent la cour du Confort Moderne en transportant un immense bélier en argile. Ils se dirigent vers l'entrepôt transformé en champ de tir. Tous hurlent à la mort et s'encouragent, revêtent un masque de paintball, s'arment d'un bouclier et filent droit dans la bataille.#confortmoderne #poitiers soirée avant travaux pic.twitter.com/i6U4aXTdUp
— F3 Poitou-Charentes (@F3PoitouChtes) 13 Février 2016
L'un d'eux, Axel, explique le geste de la compagnie après être sorti du terrain sous les applaudissements de la foule : "on voulait débarquer avec une arme qui peut sembler dissuasive, mais qui se révèle totalement inefficace, et finir par devenir des cibles". La performance fait partie d'un travail réalisé en partenariat avec le Confort Moderne, qui les a accueillis pendant deux jours. En leur honneur, le bélier et les boucliers sont désormais exposés au sol, dans le hall d'entrée de l'exposition.Des étudiants des beaux arts tentent une percée avec un bélier... #ConfortModerne théâtre de guerre #paintball pic.twitter.com/UHC9QdS4Qa
— Hugo Lemonier (@H_Lemonier) 13 Février 2016
Vers 2 heures, retour à la normale. Des jeunes aux yeux vitreux se déhanchent sur de l'électro comme dans n'importe quelle boîte branchée. Cette dernière nuit avant travaux aurait pu se limiter à cela : c'est le cas dans la plupart des endroits.
Le talent du Confort est d'avoir su entourer cette banale piste de danse d'espaces d'expression, d'une sorte de délire aussi joussif que cathartique. La soirée a été telle que l'ont voulue les fondateurs du Confort Moderne : foutraque, folle et extravagante.