Marseille : trouver refuge pour fuir l’homophobie

Ce 17 mai est la journée mondiale contre l'homophobie. Amir et Edilson ont dû fuir leurs familles et leurs repères pour sauver leur vie. Persécutés à cause de leur homosexualité, ils ont subi harcèlements, menaces et coups avant de se rendre au Refuge où ils se reconstruisent peu à peu. 

Edilson a 21 ans, il est originaire de Nice. En février 2019 il fuit son quotidien proche de l’enfer pour commencer une nouvelle vie accompagné par l’Association Nationale le Refuge.

Depuis l’adolescence, il subit des discriminations et des violences, autant à l’école que chez lui. Les insultes, la méfiance et les regards insistants étaient son quotidien. Plusieurs fois, en rentrant chez lui, il est agressé à coups de matraques ou de points américains.

Des faux profils Facebook sont créés faisant croire qu’il rencontre des gens ou envoie des photos à qui voudrait. Les rumeurs, les insultes et la méfiance constantes ne font que renfermer Edilson sur lui-même.


"A la maison, c’était pire"

Son beau-père n’accepte pas son orientation sexuelle et le considère comme une "bonne à tout faire". Son aide est perçue comme une volonté d’être une femme, et donc punie. Il est frappé quotidiennement, "avec des balais, des verres jetés sur la tête, des fils de fers tressés pour me fouetter".

Humiliations après humiliations, Edilson ne dit plus rien.  Il se renferme, affronte les coups les uns après les autres. Mais arrive un moment où "soit je pars, soit il arrive une catastrophe".

Comme 90% des jeunes arrivants au Refuge, Edilson a déjà tenté de se suicider. C’est la première cause de mortalité chez les 15-25 ans, la raison la plus courante étant les discriminations LGBT. En PACA, ce sont 90 tentatives de suicide suite à des discriminations LGBT qui ont été signalées en 2018.

C’est un autre monde où je me sens libre.

Depuis son arrivée à Marseille, il se reconstruit au sein du Refuge. "J’avais perdu toute confiance en moi, je m'étais renfermé sur moi-même et j'étais devenu très impulsif". Edilson souhaite simplement redevenir le garçon qu’il était et prendre un nouveau départ. Même si la reconstruction est lente et compliquée, Edilson considère Marseille comme un "autre monde où je me sens libre".

Accompagné par Mathilde (l’éducatrice spécialisée présente dans leur hébergement, ndlr) et des membres de l’association il essaie de se retrouver et de se libérer de ce poids qui l’empêche d’avancer...
 


Un périple pour sauver sa vie

Autre lieu, même parcours. Amir a dû fuir sa famille et son pays, l’Algérie, pour protéger sa vie. A 26 ans, il encourait un danger à cause de son homosexualité.

En désaccord avec sa famille sur des sujets sociétaux, le jeune homme a été battu par son frère et menacé de mort par son père, en raison de son orientation sexuelle. Pour éviter le pire, Amir n’a d’autre choix que de fuir.

Il quitte sa région natale pour rejoindre Tunis malgré les menaces de son père de le brûler vif s’il le retrouve. Il suit un groupe de jeunes qui envisagent de passer par la Lybie pour atteindre l’Italie.

Après une semaine dans un pays ravagé par la guerre, ils prennent la mer "dans un tout petit bateau avec 15 personnes". Une fois arrivé en Italie, il ne fait pas de demande d’asile car il ne parle pas l’italien et a pour objectif d’atteindre la France.

Amir arrive à Prado, déposé par un car de répartition de migrants. "C’est une ville très jolie, mais un peu raciste", commente sobrement le jeune homme. Après un mois d’hébergement à La Croix Rouge, il est finalement contraint de partir, à défaut de demander l’asile.

Sans argent, Amir prend alors le train jusqu’à Vintimille. Là-bas, les passeurs se multiplient pour faire passer les migrants d’un côté à l’autre de la frontière. "Je n’avais pas d’argent, même pas un centime". Amir suit le groupe, de loin. Après avoir traversé pendant la nuit montagnes et rivières, il arrive en France.

Grâce à l’association, je suis en vie.

Amir prend un train et descend à Marseille, "comme les autres, par hasard". Durant deux semaines il dormira dans la rue avant de contacter le 115. Une semaine plus tard, il est pris en charge et l’assistante sociale le redirige alors vers le Refuge. Lui aussi est suivi par Mathilde qui l’accompagne depuis.

"Grâce à l’association, je suis en vie", explique-t-il. Amir apprend le français et tente de se reconstruire aux côtés de la psychologue de l’association. Il a d’ailleurs fait une demande d’asile cette fois et nourri un espoir d'avenir meilleur. "Je souhaiterais faire une formation de coiffeur hommes/femmes ou maquilleur"...
 
Le Refuge
Crée en 2003, cette association cherche à lutter contre l’isolement des jeunes homosexuels et transsexuels.

Elle propose un hébergement temporaire des jeunes (7 places à Marseille) pour les jeunes victimes de rejet familial, discrimination ou violences physiques ou morales. Les jeunes sont alors accompagnés pour favoriser leur bien-être physique ou moral avant d’acquérir davantage d’autonomie et envisager une réinsertion professionnelle.

L’association propose aussi de la prévention en milieu scolaire afin de sensibiliser à l’homophobie et aux effets provoqués sur les victimes.

A Marseille, l’équipe est composée d’un CESF (conseiller en économie sociale et familial), un moniteur éducateur, une éducatrice spécialisée, une psychologue et de nombreux bénévoles. 
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