Les Roms qui avaient dû quitter jeudi soir un terrain du nord de Marseille, sous la pression d'habitants hostiles, ont trouvé dimanche un énième point de chute précaire, dans un hangar désaffecté.
Des locaux à l'abandon
Le groupe d'environ 40 adultes et 15 enfants s'est installé dimanche à la mi-journée dans les locaux à l'abandon d'un concessionnaire automobile, à la lisière des 3e et 15e arrondissements dans la ville. Depuis leur départ précipité jeudi soir de la cité des Créneaux (15e arrondissement), ces familles roumaines erraient dans la ville, à la recherche d'un abri ou d'un terrain.Il faut soulever un pan de tôle pour pénétrer dans le hangar, dont le sol est
jonché de cartons et de vieux papiers. Ni sanitaire ni même point d'eau à disposition dans ce bâtiment nu, mais pas de riverains à proximité non plus pour se plaindre de la présence des Roms.
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"On est des ferrailleurs, pas des voleurs"
"On n'a pas de couvertures et d'habits de bébé, ils sont restés aux Créneaux,et on n'a pas de nourriture non plus", déplore Ristas Daciana, jeune femme de 16 ans, jupe longue et foulard noué sur la tête, son bébé de trois mois sur la hanche. Cette mère de deux enfants fait la manche pendant la journée devant la Poste du quartier des Réformés, dans le centre-ville de Marseille.
Comme la plupart des autres membres du groupe, elle dit être originaire de Cluj-Napoca, une grande ville du nord ouest de la Roumanie.
"C'est dur la vie la-bas: même avec un travail on ne gagne même pas 200 euros par mois", explique Roska Dinesko, un homme de 27 ans, en France depuis plus de trois ans. Pourtant, à Marseille, le quotidien de ces Roms, marqué par les expulsions à répétition, est loin d'être réjouissant. "En deux ans, ils ont dû subir 17 expulsions", soupire Audrey Floersheim, bénévole de Médecins du Monde venue leur témoigner son soutien.
Les habitants étaient physiquement manaçants
Jeudi soir, en présence de la police, ils ont dû abandonner le campement qu'ils occupaient depuis quatre jours à proximité de la cité des Créneaux, dans les quartiers nord de la ville, devant le mécontentement de riverains les accusant de cambriolages."On est des ferrailleurs, pas des voleurs. On n'avait pas de problèmes avec le propriétaire (du terrain, NDLR) ou avec la police. On avait donné notre parole qu'on ne volerait pas, qu'on ne causerait pas de problème", insiste Roska Dinesko.
"Les habitants étaient physiquement menaçants, des gens ont vu des bidons d'essence", raconte-t-il. "Qu'ils aient appelé eux-mêmes le 17, ce n'est pas anodin", souligne Caroline Godard, de l'association Rencontres tsiganes. "Il faut faire le clair sur cette affaire", estime-t-elle.
En l'absence de violence physique, aucune interpellation n'a eu lieu après la
confrontation des habitants et des Roms. En revanche, une enquête judiciaire a été ouverte pour déterminer l'origine du feu qui a détruit quelques meubles et appareils électroménagers abandonnés sur le terrain après le départ des Roms.
Un dispositif de concertation ?
Dimanche après-midi, devant leur nouveau refuge, les hommes surveillaient avec inquiétude les allées et venues de quelques policiers qui établissaient un rapport sur la situation et réfléchissaient à les autoriser à faire entrer leurs véhicules sur le parking devant le hangar.Une circulaire interministérielle du 26 août prévoit, au-delà d'un délai de flagrance de 48 heures au cours desquels les personnes installées sur un campement illégal peuvent être expulsées, un dispositif de concertation destiné à les accompagner dans l'attente d'une décision judiciaire.