Plus de deux ans après la mort de Marcel Bigeard à Toulon, ses cendres sont transférées aujourd'hui au Mémorial des guerres en Indochine de Fréjus, en présence du ministre de la Défense. Un hommage contesté.
Le ministre de la Défense, Jean-Yves Ledrian préside mardi,la cérémonie du transfert des cendres du Général Bigeard au Mémorial de Féjus. Sorti du rang, Marcel Bigeard est devenu un des officiers les plus décorés de France. Il est ensuite ministre et député. Pour la France, c'est un héros. Pour ses détracteurs c'est un homme qui n'a jamais dénoncé les séances de tortures. Décédé le 18 juin 2010, ses obséques ont été célébrées en la cathédrale de Toul. Le lendemain, un hommage a eu lieu aux Invalides à Paris.
"Un baroudeur sans principe" pour ses opposants
Marcel Bigeard est associé aux guerres de décolonisation en Indochine et en Algérie. Sur le site du collectif non à Bigeard aux Invalides, Marcel Bigeard est jugé comme un « baroudeur » sans principes, utilisant des méthodes souvent ignobles. Le collectif, regroupant des associations comme le MRAP, la LDH, des partis politiques comme le PC ou EELV, n’accepte "pas que la notion d’héroïsme soit liée à l’histoire de cet homme". Si Isabelle Buzulier de la LDH de Fréjus ne juge pas le transfert des cendres à Fréjus, elle conteste l'idée d'un hommage à un homme "qui a dit que la torture est un mal nécessaire". Une pétition sur le site Médiapart s'oppose à tout hommage officiel au général Bigeard.Marcel Bigeard, le tortionnaire par richardperrichon
Plus qu'un chef, un meneur d'hommes pour la France
Le 29 septembre 2012, le ministère de la Défense annonçait le transfert des cendres du général en saluant ses qualités. "Bien plus qu’un chef, le général Bigeard, était un meneur d’hommes. Celui vers qui les regards se tournent naturellement dans les moments les plus difficiles ; celui qui cultive le goût de l’exigence et de la « belle gueule », celui qui enseigne que pour « être et durer » il faut être souple comme le cuir et trempé comme l’acier".Plus de 2 ans après sa mort, le Général Bigeard reposera aux côtés de 22.000 soldats morts en Indochine. Ses compagnons. Une décision qui réjouit les associations patriotiques qui estiment "qu'on ne fait pas la guerre avec des enfants de choeur".
Ci-dessous l'interview de Marcel Bigeard réalisée en décembre 2000. Le général reconnaît implicitement les actes de tortures durant la guerre d'Algérie.