Le tribunal correctionnel de Marseille a condamné l'agent de joueur de football à 4 ans d'emprisonnement dont 3 ans avec sursis pour une affaire d'extorsion de fonds sur le port de Marseille.
Déjà incarcéré pendant une année après son interpellation en 2002, à priori il ne devrait pas faire de prison.
Une peine de quatre ans de prison avait été requise mercredi devant le tribunal correctionnel de Marseille. Le procureur Fabrice Karcenty avait décrit l'homme d'affaires de 52 ans comme "le boss" dans cette histoire.
Les faits remontent à 2000, avec pour cadre le port autonome. Un "port gangrené, on a en tête l'expression "magouilles et compagnie" lorsqu'on découvre ce panier de crabes, ces emplois fictifs", avait relevé le magistrat dans son réquisitoire. "C'est un système qui arrange tout le monde: dessous-de-table contre contrats".
L'homme à l'origine de l'enquête, Ernest Vittiglio, responsable d'une société
de gardiennage décédé en 2007, "a peut-être été le premier impliqué dans ces pratiques douteuses", mais, là, son fils s'est suicidé, un drame "insurmontable" qui le pousse à déposer plainte, relate Fabrice Karcenty. Il met en cause Edmond Goubert, directeur d'une société de manutention, décrit comme "l'homme incontournable, par qui il faut passer" pour décrocher des marchés. Contre cet homme mystérieusement disparu depuis janvier 2002, dit "Momon", le représentant
du parquet a également réclamé quatre ans de prison.
Il lui est reproché d'avoir exigé le versement mensuel de 25.000 francs (3.811
euros) en liquide, et l'embauche comme secrétaire de la compagne de Jean-Luc Barresi, Marie-José Boroni. Mais Vittiglio refuse et "les ennuis vont commencer", raconte le procureur. Jean-Pierre Terzian, "l'homme de main" de Momon, lui-même "marionnette de Barresi", selon l'accusation, vient menacer l'entrepreneur. "Les caisses de mort sont prêtes", lui lance-t-il, désignant par ce terme des cercueils.
Contre Terzian, qui avait reconnu les faits avant de se rétracter, le représentant
du parquet a demandé deux ans d'emprisonnement.
Les investigations révèleront qu'avant cet épisode, d'autres sociétés auraient
embauché à "titre fictif", contre leur gré, Mme Boroni, ainsi que la belle-soeur
de Jean-Luc Barresi, Vivette Choisi. Douze mois de prison ont été requis contre les prévenues, poursuivies pour recel et complicité d'extorsion de fonds.
Me Jean-Yves Liénard, qui a plaidé la relaxe de Jean-Luc Barresi, a jugé les réquisitions "totalement disproportionnées" et "presque indécentes", dénonçant "une enquête très imparfaite" et "des contradictions majeures" dans cette "danse" longue de 12 années. "Ce nom qu'il porte lui a été préjudiciable", a-t-il estimé, rappelant les démêlés de ses frères avec la justice.