Un gardien de la paix, "en état alcoolisé" lors de son interpellation, a été placé en garde à vue jeudi matin à Marseille après la mort d'un jeune homme au cours de la nuit, à la suite d'une altercation dont les circonstances sont encore floues.
"Dans des circonstances qu'il conviendra d'éclaircir, le policier a utilisé à une reprise son arme de service et blessé à la cuisse" un jeune homme de 19 ans, a expliqué le directeur départemental de la Sécurité publique (DDSP), Pierre-Marie Bourniquel, lors d'une conférence de presse. A ses côtés, Jean-Paul Bonnetain, le préfet de police des Bouches-du-Rhône, a précisé que le policier était "en état alcoolisé" lors de son interpellation, soit environ 2 heures après les faits.
Né en 1973, l'homme travaille au sein du groupe de sécurité de proximité (GSP). Bien que n'étant pas en service, le fonctionnaire portait son arme sur lui, ce qui n'est pas autorisé, lorsqu'il s'est rendu vers minuit dans une épicerie du quartier de la Joliette (2e arrondissement) pour acheter quelques bières, selon une source proche du dossier.
Alors qu'il se trouvait dans le magasin, trois jeunes, dont un fumait de la résine de cannabis, sont arrivés. Le policier a fait une réflexion qui a dégénéré en rixe. Frappé par les trois jeunes qui, selon lui, auraient remarqué son pantalon de policier, l'homme a alors sorti son arme. "Dans des circonstances qu'il conviendra d'éclaircir", explique la police dans un communiqué, un coup serait parti, touchant l'un des jeunes, âgé de 19 ans, à la cuisse.
Des marques sur le visage du policier attestent la thèse de l'altercation, a ajouté M. Bonnetain lors de la conférence de presse. Emmené immédiatement à l'hôpital en voiture par ses amis présents sur les lieux,
le jeune homme, atteint à l'artère fémorale, est mort quelques heures plus tard. Le policier serait quant à lui rentré à son domicile avec les bières qu'il était venu acheter, sans s'être rendu compte qu'une balle avait touché quelqu'un, selon la source proche du dossier.
Alertés par un coup de téléphone de l'hôpital et un autre leur annonçant l'incident, les policiers se sont rendus à l'épicerie. Ils ont rapidement réussi à retrouver l'identité du policier impliqué. Selon une source proche de l'enquête, c'est l'épicier qui a donné à la police les coordonnées du fonctionnaire.
Aux environs de 2h40, le commissaire de permanence a interpellé le policier à son domicile, sans que ce dernier ne présente aucune résistance, a précisé M. Bourniquel.
Plus tard, à l'annonce du décès, un ami de la victime a quitté l'hôpital, pris sa voiture, puis est retourné à l'épicerie dans laquelle il a encastré sa berline allemande. Âgé de 19 ans, il a lui aussi été placé en garde à vue.
Jeudi matin, le volet métallique de la supérette, située rue Roger-Salengro, était abaissé et les alentours étaient bouclés par la police, a constaté un photographe de l'AFP.
Des enquêteurs de la police scientifique et technique effectuaient des prélèvements sur des tâches de sang retrouvées au sol. L'arme du policier a été saisie pour être transmise à la balistique. Deux enquêtes ont été ouvertes, l'une confiée à la PJ par le parquet de Marseille, le volet administratif ayant quant à lui été transmis à l'Inspection générale de la police nationale (IGPN).
Le jeune homme décédé était "défavorablement connu des services de police", a ajouté M. Bourniquel. Selon une source proche de l'enquête, la victime, Yassine Aibeche, originaire de la cité sensible Félix-Pyat (3e arrondissement), avait été condamné notamment pour des vols et des infractions à la législation sur les stupéfiants.
Les GSP, rattachés à des commissariats, sont des unités d'appui de la police nationale, qui ont pour objectif de lutter contre la délinquance de proximité. Ils sont implantés dans les grandes villes comme Lyon, Marseille
et en banlieue parisienne (Seine-Saint-Denis, Val-de-Marne).