Les frères Guérini en garde à vue chez les gendarmes

Le prédisent socialiste du conseil général des Bouches-du-Rhône, Jean-Noël Guérini, et son frère Alexandre sont entendus depuis ce matin 9H00 à la section de recherches de la gendarmerie de Marseille, sous le régime de la garde à vue.

Le sénateur PS des Bouches du Rhône Jean-Noël Guérini s'est présenté peu avant 09H00 à la caserne Beauvau dans une voiture de fonction escortée par un véhicule de la gendarmerie afin d'être entendu sous le régime de la garde à vue à la section de recherches de la gendarmerie de Marseille. Le président du conseil général des Bouches-du-RhôneIl a été rejoint une heure plus tard par un de ses avocats, Me Dominique Mattei.
Alexandre Guérini serait entendu au même moment mardi, dans les locaux de la SR. Tous les deux sont déjà mis en examen dans un autre dossier du juge Duchaine, relatif à des décharges exploitées dans les Bouches-du-Rhône par le frère de Jean-Noël Guérini.

Le sénateur PS serait auditionné ce mardi dans un des volets d'un vaste dossier portant sur des marchés publics présumés frauduleux dans le département, dossier pour lequel il devait être interrogé à la mi-janvier, mais il avait été hospitalisé pour une péritonite.

Un dossier à caractère mafieux


Jean-Noël Guérini a été placé en garde à vue, à la demande du juge d'instruction marseillais Charles Duchaine, qui avait obtenu du Sénat une nouvelle levée de l'immunité parlementaire de l'élu en décembre. Le dossier porte sur des malversations financières de grande ampleur touchant à des marchés publics de collectivités de Haute-Corse et des Bouches-du-Rhône.

Le Reportage de Jean-François Girogetti à la caserne Beauvau: 
L'affaire implique des membres présumés du grand banditisme dont Bernard Barresi, arrêté en 2010 après 18 ans de cavale. Dans sa demande de levée d'immunité, le juge Duchaine avait évoqué un dossier "à caractère mafieux", précisant qu'il n'envisageait aucune mesure de détention ou de contrôle judiciaire à l'encontre de M. Guérini à l'issue de sa garde à vue et d'une éventuelle nouvelle mise en examen. 
 
L'enquête a identifié une série de sociétés ayant remporté des marchés dans des conditions suspectes auprès de collectivités, et dont les dirigeants étaient proches du frère de M. Guérini, Alexandre, un entrepreneur spécialisé dans les déchets, mais aussi du milieu marseillais.
 

Mis en cause par un courrier anonyme 

Plus d'une vingtaine de personnes - entrepreneurs, hommes de paille, élus, fonctionnaires - sont déjà mises en examen dans ce dossier tentaculaire dont les prémices remontent à 2005. Le fisc s'intéresse alors à deux gérants de sociétés du Sud-Est, Patrick Boudemaghe et Damien Amoretti, qui roulent tous deux en Maserati. Il suspecte des fausses facturations autour de leur entreprise de maçonnerie à Gardanne (Bouches-du-Rhône), ABT, et de leur agence de location de véhicules et d'engins de chantier à Vallauris (Alpes-Maritimes), Riviera International. 

Le parquet d'Aix-en-Provence est saisi en 2008 et la police judiciaire commence à enquêter, sans remonter jusqu'aux Guérini. La justice marseillaise et les gendarmes, alertés par un courrier anonyme qui met en cause les deux frères en février 2009, récupèrent le dossier huit mois plus tard. 

 Autour de Boudemaghe, arrêté en Espagne fin 2010, les enquêteurs repèrent alors une nébuleuse de sociétés - dont les ramifications mènent au Luxembourg et à Panama
- soupçonnées d'avoir détourné et blanchi des millions d'euros issus de marchés publics. Pour la justice, Boudemaghe n'agit pas pour son propre compte, mais appartient à un "groupement permanent" d'intérêts aux côtés d'Alexandre Guérini et de Bernard Barresi, "malfaiteur notoire" reconverti, sous des faux noms, dans le BTP et l'immobilier, sa compagne oeuvrant dans le domaine de la sécurité, notamment pour le compte du département.
 
Le frère du sénateur servait de "trait d'union entre le milieu et la bonne société, entre le monde économique et la sphère politique", avançait le juge dans sa demande
de levée d'immunité parlementaire. Selon le magistrat, par son entrisme au conseil général, que son frère ne pouvait ignorer, Alexandre aurait obtenu que les entreprises
de ses partenaires, en premier lieu ABT, soient favorisées dans certains marchés ou pour des chantiers de bâtiments publics (maisons de retraite, collèges, casernes
de pompiers, etc.).
 
Dans ce "système", quel était le rôle de Jean-Noël Guérini ? "Plus difficile à cerner et surtout à critiquer", de l'avis du magistrat, il aurait assuré de façon "systématique" le succès des entreprises de son frère et de ses amis "par ses interventions influentes, ses actions ou ses abstentions", dénoncées aux enquêteurs par d'anciens collaborateurs. Un "appui" sur lequel le groupement Guérini-Boudemaghe-Barresi "spéculait évidemment", concluait le juge dans sa demande de levée d'immunité.
 

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