Circuit financier suspect vers BNP Paribas Monaco : Le procureur attend des précisions

Une affaire de circuit financier suspect de chèques venant d'Afrique et déposés en masse auprès d'une filiale de BNP Paribas à Monaco, et dénoncé par l'association Sherpa, est étudié par le procureur de la principauté Jean-Pierre Dreno, qui a expliqué être dans l'attente d'un document clef.

L'association parisienne Sherpa, dont l'objectif est de "défendre les populations victimes de crimes économiques", a écrit à M. Dreno concernant "une affaire de blanchiment dans le cadre d'une fraude au contrôle des changes dans plusieurs pays d'Afrique", mettant en cause une filiale de BNP Paribas à Monaco, précise-t-elle sur son site internet.

L'affaire, livrée d'abord au Canard enchaîné le 17 avril puis relayée dans la presse économique, se base sur un rapport confidentiel de l'inspection générale de BNP Paribas d'octobre 2011, révèlant que des milliers de chèques en euros ont été envoyés à Monaco depuis Madagascar, le Gabon, le Sénégal ou le Burkina Faso (au moins entre 2008 et 2011). 

L'audit, qui s'est concentré sur Madagascar, avait été diligenté après des accusations d'un ancien collaborateur
de la banque.
A Monaco, le procureur Dreno, qui a répondu à Sherpa à deux reprises, attend encore d'avoir en mains l'audit et s'interroge sur la nature juridique de l'infraction.
"Sherpa dénonce une pratique qui est la suivante: quand vous allez en Afrique et notamment à Madagascar pour un voyage d'agrément ou d'affaires, si vous voulez acheter des devises africaines ou malgaches c'est compliqué dans l'UE. En arrivant dans votre hôtel, vous faites un chèque en euros et on vous donne la contrepartie en devises locales. Vous laissez l'ordre du chèque en blanc. Un système en place rachète les chèques et l'argent est envoyé sur un compte en Europe", récapitule le procureur.
"Sherpa considère que c'est constitutif de blanchiment, d'infractions de contrôle du change, que de déposer ces chèques dans des banques françaises ou monégasques", résume-t-il.
"La BNP a déjà fait savoir que ce n'était pas forcément un phénomène très vaste et que c'était compliqué à appréhender parce que c'est une multitude de petits chèques", souligne M. Dreno.
"La première chose est de savoir ce que ça peut représenter. Et la deuxième chose fondamentale est de savoir si effectivement on est dans une infraction au contrôle des changes, auquel cas c'est une infraction commise dans le pays africain concerné et pas forcément au sein de l'UE ou de Monaco", a-t-il ajouté.
"Pour qu'il y ait blanchiment, il faut une infraction sous-jacente, initiale, comme une escroquerie ou un trafic de stupéfiants", précise en outre le procureur de nationalité française.
Jean Merckaert, porte-parole de Sherpa, a précisé à l'AFP que le rapport venait tout juste d'être déposé chez le procureur par l'ancien employé de BNP Paribas aujourd'hui en litige avec son ex-employeur.
"Les faits de blanchiment ne sont pas établis, mais il existe de forts soupçons", a précisé M. Merckaert à propos de l'affaire, évoquant aussi une possible fraude fiscale.
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