Toulon et Toulouse, opposés vendredi (21h00) en demi-finale du Top 14, misent tous deux sur leur puissance pour faire la différence. Le RCT en a fait sa marque de fabrique alors que les Stadistes l'utilisent avec parcimonie.
TOULON: LES DÉMOLISSEURS DE L'EXTRÊME
Fidèle à ses préceptes, le manager du RC Toulon Bernard Laporte a fait de la puissance de ses joueurs son fonds de commerce, avec l'idée centrale que "le rugby se fait surtout devant". L'entraîneur loue à l'envi les qualités de trois hommes notamment: le pilier néo-zélandais Carl Hayman, le deuxième ligne sud-africain Bakkies Botha et le troisième ligne sud-africain Danie Rossouw, arrivé en mars mais déjà incontournable.
Samedi, lors du sacre européen face à Clermont (16-15), ces joueurs ont encore démontré toute leur férocité: Hayman, bien que parfois bousculé en mêlée fermée, a été le meilleur plaqueur de la rencontre (17) tandis que Botha et Rossouw ont apporté toute leur force de percussion, notamment lors d'une première période peu fertile en points (3-3) mais d'une extrême intensité physique.Arrivé après le Mondial-2011, Botha s'est révélé comme la véritable clé de voûte du système Laporte, autant par sa densité (2,02 m, 118 kg) que par son aura dans le vestiaire, du haut de ses 76 sélections chez les Springboks. C'est d'ailleurs durant son absence de deux mois, due à une fracture du plancher orbitaire mi-décembre, que le RCT a le plus douté dans les résultats et le jeu.
Outre ce trio, Laporte peut compter sur d'autres "monstres" physiques: le pilier Andrew Sheridan, titulaire quasiment immuable cette saison, le deuxième ligne Nick Kennedy, le troisième ligne Juan Fernandez-Lobbe, à l'origine de l'essai de la victoire samedi, ou encore le perforan Chris Masoe. Tous sont des rois de "la guerre du sol", où leur capacité à arracher les ballons à l'adversaire fait merveille, mais ils jouent également un grand rôle sur le plan offensif.
Après leur victoire en Hcup, les toulonnais convoitent le bouclier de Brennus pour réaliser un doublé inoubliable
Au total cette saison en Top 14, les avants ont inscrit 31 des 69 essais toulonnais. Plus généralement, leur capacité à concasser les défenses adverses ont aussi créé des brèches dont ont profité les arrières. Laporte ne néglige pas non plus la dimension physique chez les trois-quarts, à l'image de Mathieu Bastareaud, auteur d'une immense prestation défensive samedi dernier (16 plaquages) et dont le gabarit lui permettrait aussi de jouer troisième ligne. D'ailleurs, la frontière avants/arrière est poreuse pour Laporte qui estimait encore la semaine passée que le troisième ligne Steffon Armitage pouvait "aussi jouer au centre".
TOULOUSE: LA FORCE EN RECOURS
Réputé pour son "jeu de mains", le Stade toulousain revient volontiers à un jeu plus restrictif et s'appuyant sur ses avants lorsque arrivent les matches à élimination directe. La mêlée, autour du trio Steenkamp-Servat-Johnstone, ainsi que le jeu au près constituent des priorités. Ainsi, l'an passé durant les phases finales du Top 14: les hommes de Guy Novès n'avaient inscrit aucun essai et s'en étaient remis aux pieds de Luke McAlister et Lionel Beauxis pour conserver leur titre de champion de France.
Cette saison, l'animation offensive toulousaine a hoqueté à plusieurs reprises et les avants ont souvent débloqué des situations complexes. Ce fut encore le cas en barrages face au Racing-Métro le 10 mai (33-19), lorsqu'un essai du troisième ligne Louis Picamoles permit aux Rouge et Noir de creuser définitivement l'écart.
En deuxième ligne, aux côtés du musculeux argentin Pato Albacete, Yoann Maestri a encore réalisé une excellente saison. Enfin, le retour aux affaires du talonneur William Servat, grand leader de combat, a stabilisé une première ligne longtemps minée par les blessures. A eux seuls, les avants toulousains
ont inscrit 27 des 67 essais en Top 14. Et si leur influence offensive a été importante, leur faculté à casser les velléités offensives de leurs adversaires a souvent forcé la décision en offrant des pénalités, à l'exemple des difficiles victoires sur Castres (23-22) ou à Biarritz (22-17).