Procès cercle Concorde : Paul Lantiéri pour la première fois à la barre

Pendant  deux jours, le personnage principal de l'affaire du Cercle Concorde, Paul Lantieri, a comparu devant le tribunal correctionnel de Marseille. Dans ce procès de blanchiment d'argent, il nie les faits qui lui sont reprochés, et se dit victime d'escrocs.

Durant plus de cinq ans, Paul Lantiéri avait réussi à échapper à la police. Grand absent de l'instruction, il avait échappé au coup de filet de novembre2007 avant de réapparaître au premier jour des débatspour se constituer prisonnier. Cette semaine, pour la première fois, il a donné devant les juges ses premières explications. Il a expliqué sa fuite par peur d'un assassinat. A l'époque des faits, Paul Lantiéri gérait le Cercle Concorde à Paris et le restaurant attenant, ainsi que l'enseigne de la Rotonde à Aix-en-Provence. Il comparait pour association de malfaiteurs en vue de blanchiment d'argent. 

Après les auditions des personnages secondaires dans ce dossier aux multiples ramifications, de la Suisse à l'Afrique, de Paris à Venzolasca (Haute-Corse), le récit de Paul Lantieri, seul des 20 prévenus à comparaître dans le box, était très attendu. 
"Je me suis éclipsé pour sauver ma vie, pas parce j'avais peur de la justice", s'est justifié mercredi ce natif de Bastia. "Je ne suis pas représentant du milieu, qu'il soit corse ou marseillais, je ne suis pas un blanchisseur d'argent sale. J'ai simplement fait de mauvaises rencontres", argue-t-il, ému aux larmes, se disant "déçu de la Corse et des Corses". "Vous êtes à tout le moins un chat noir dans les affaires", ironise la présidente du tribunal correctionnel, visiblement peu convaincue.
Tout commence en 2005. Ancien directeur du cercle de jeux parisien Concorde, sur les Champs-Elysées, le patriarche Edmond Raffali (décédé depuis), une connaissance
de son oncle, lui propose de relancer l'établissement rue Cadet. Paul Lantieri, connu pour son goût du luxe, relève le défi et investit beaucoup d'argent avec le banquier genevois François Rouge, dans le restaurant attenant au cercle. Après des travaux pharaoniques (pour 4 millions d'euros) - car il ne veut surtout pas d'un "tripot" -, l'inauguration en grande pompe a lieu en novembre 2006. Mais très vite, les relations entre les deux parties se dégradent, les 15.000 euros engrangés quotidiennement suscitant des convoitises.
"M. Raffali mettait sa voiture en plein devant pour bien montrer que c'était lui le patron, il présentait des notes de frais pour tout et n'importe quoi: deux déjeuners par jour, des bouteilles de vin pour le ministre de l'Intérieur, des tickets enfants pour Eurodisney...", relate le prévenu de 50 ans, imposant du haut de ses deuxmètres.
Scénario rocambolesque
Les querelles s'enveniment si bien qu'en mai, surgit Roland Cassone, joliment décrit par l'accusation comme "Marlon Brando dans Le Parrain". L'intéressé, simple "retraité", dit s'être trouvé là "par hasard", une version confirmée par son "ami"Lantieri.
Dans le camp adverse, entrent en scène des membres de la bande corse dite de la Plaine orientale, Jacques Buttafoghi (assassiné fin 2009), très menaçant dans les   écoutes, et Jean-François Federici (en cavale), frère d'Ange-Toussaint Federici, berger-braqueur de Venzolasca (en prison pour le triple homicide du bar des Marronniers
en 2006 à Marseille). Quelques jours plus tard, Paul Lantieri est "chassé" du cercle...
Dans ce fiasco "total", se retrouve embarqué, par "affection", son associé François Rouge, financier richissime aujourd'hui déchu, qui voit dans l'aventure un moyen de s'échapper d'un "milieu austère", d'un "boulot pas très rigolo, très lucratif mais emmerdant".
"Avec Paul, c'était beaucoup de plaisir", confie-t-il. Et quand la partie de plaisir tourne au cauchemar, il se démène pour "faire déguerpir" les Federici. Sur les conseils de l'avocat Jacques Vergès, il raconte avoir contacté, sans succès, Patrick Devedjian et fait appel aux services de l'ex-gendarme Paul Barril, ancien numéro 2 du GIGN, qui lui recommande un consultant en affaires africaines, en fait un "escroc".
A l'automne 2007, sonne le clap de fin pour ce scénario rocambolesque, avec fermeture du Concorde, perquisitions et arrestations en série. Poursuivis notamment pour
association de malfaiteurs, blanchiment et extorsion de fonds, les prévenus encourent 10 ans de prison. Le parquet prononce ses réquisitions lundi, avant les plaidoiries
et la mise en délibéré du jugement.
Pendant ce temps, on joue toujours rue Cadet, "assis dans des fauteuils très chers achetés par Paul Lantieri", lance, amer, le banquier suisse. Car le cercle a rouvert, repris par un nouveau propriétaire. Avec dans l'ombre, le clan Federici, lâche un avocat de Lantieri.
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