L'association "France liberté voyage", membre de l'UFAT, l'Union française des associations tsiganes, a porté plainte contre Christian Estrosi, député-maire de Nice à la suite de ses propos sur les gens du voyage." "Stigmatiser de la sorte des Français n'est pas acceptable", selon Milo Delage.
Sur Europe 1, le maire de Nice assure avoir dit aux gens du voyage qui comptaient rester plusieurs semaines sur les terrains de l'Arboras: "J'en ai maté d'autres, je vais vous mater", les menaçant de "mettre des caméras partout" et de "relever leurs plaques d'immatriculations."
Milo Delage, président de l'association "France liberté voyage" se dit "scandalisé": "Stigmatiser de la sorte des Français n'est pas acceptable. J'ai demandé à notre avocat de porter plainte.
Selon l'avocat de l'association, Maître Olivier Le Mailloux: "Il s'agit de propos haineux, ignobles qui génèrent un climat à la "pain au chocolat "(ndlr: propos tenus par Jean- François Copé, président de l'UMP, à Draguignan). Je croyais ce type de propos réservé au FN. Non, ils sont tenus par le vice-président de l'UMP. Cela fait très peur. J'ai donc porté plainte ce matin."
Jean-Paul Kopp, Président de Rencontres Tsiganes PACA n'est pas étonné par les propos du député-maire de Nice,: "Après l'attaque contre les Roms de Jean-Marie Le Pen, il ne veut pas être en reste et il s'attaque aux gens du voyage, des Français. Christian Estrosi jette un discrédit sur toute une population. Dans un premier temps, il serait bon que les communes respectent la loi sur les aires de grand passage, ce qui n'est pas le cas".
Les associations de Gens du voyage portent plainte contre #Estrosi pour incitation à la haine
— Jean-Paul KOPP (@jeanpaul_kopp) July 8, 2013
La réaction d'Alain Daumas, président de l'Union française des associations tsiganes (UFAP):
"C'est lamentable de la part d'un ancien ministre", a réagi auprès de l'AFP Alain Daumas, président de l'Union française des associations tsiganes (UFAT).
Par de tels propos, "on déshonore la République dans son ensemble, on entache notre drapeau tricolore d'une tache qui s'appelle la discrimination", a-t-il ajouté.
"J'aimerais avoir un bon débat avec M. Estrosi et avec tous ces gens qui ne nous aiment pas. Qu'ils nous disent ce qu'ils ont fait eux pour la France!", a déclaré M. Daumas, affirmant que ses grands-parents avaient combattu pendant la guerre 14-18 et que ses parents avaient été internés durant la deuxième Guerre mondiale.
De son côté, l'association Défense de la culture tsigane veut déposer plainte contre l'ex-ministre. "A l'heure où Nelson Mandela est en train de mourir, lui qui s'est battu contre
le racisme, entendre des propos xénophobes de la part d'un élu, d'un ancien ministre, nous atteint profondément", a déclaré à l'AFP son président, Louis de Gouyon Matignon.
"Nous demandons au niveau politique un débat impliquant des gens du voyage afin que les amalgames abscons cessent concernant nos 450.000 concitoyens français itinérants".
L'heure est à la colère....comme à Roquebrune Sur Argens, où se sont installées les caravanes qui avaient quittés la semaine dernière le stade des arboras...
"Cette stratégie de droitisation à l'UMP n'est pas nouvelle" (Source AFP)
"Cette stratégie de droitisation à l'UMP n'est pas nouvelle", analyse Gilles Ivaldi, chercheur au CNRS, enseignant à l'université de Nice-Sophia-Antipolis."Elle existe depuis 2010 -- ce qui correspond au retour du FN sur la scène politique mais à Nice, le climat est assez particulier: Christian Estrosi doit faire face à un FN plutôt en progression" dans un contexte d'"offre politique à droite éclatée", selon ce spécialiste de l'extrême droite.
En effet, l'élu UMP aura probablement à affronter l'an prochain, outre le FN, l'ancien maire Jacques Peyrat (qui revendique le soutien du RPF et des identitaires), voire des dissidents de sa propre formation.
Sur le plan national, cela permet aussi à M. Estrosi de critiquer une gauche et un gouvernement "laxistes", et au plan local "de passer la vitesse supérieure" face à un autre député des Alpes-Maritimes avec lequel il est en "compétition", Eric Ciotti, "qui s'est créé un vrai profil de "Monsieur sécurité" au sein de l'UMP", ajoute M. Ivaldi.