Le président du directoire de la SNCM, Marc Dufour, vient d'affirmer que la compagnie maritime souffre d'une créance impayée de 65 millions d'euros due par l'assemblée territoriale corse, pour laquelle elle a obtenu la désignation d'un conciliateur en justice.
"Au 31 décembre, la créance dépassera les 65 millions d'euros. Quelle entreprise peut porter 65 millions d'euros de retard ou d'impayé de la part d'un de ses principauxclients", s'est interrogé M. Dufour lors d'une conférence de presse.
"Nous avons tenté de négocier, sans succès. Nous avons donc obtenu, le 11 octobre, du tribunal de commerce de Marseille, en accord avec nos actionnaires, la désignation d'un conciliateur de justice afin de récupérer les sommes dues", a-t-il ajouté.
Revenant également sur la condamnation par la Commission européenne à un remboursement de 220 millions d'euros d'aides publiques, Marc Dufour a estimé que "nous avons
les moyens de répondre avec efficacité sur le plan juridique".
Or le créancier de cette somme est la collectivité corse, qui a informé Veolia le mois dernier qu'il envisageait de se retourner vers lui si la SNCM s'avérait insolvable.
La Commission européenne a estimé qu'une partie de la délégation de service public (DSP) attribuée entre 2007 et 2013, le "service complémentaire" (renforcement des
lignes en haute saison), ne pouvait être incluse dans cette délégation.
La SNCM fait face à des difficultés de trésorerie et s'est tournée vers Transdev, son principal actionnaire (filiale de Veolia et de la Caisse des Dépots), afin d'obtenir un relais de trésorerie de 30 millions d'euros, a rappelé M. Dufour.
L'actionnaire devrait se prononcer ce vendredi dans le cadre d'un conseil de surveillance.
"L'entreprise n'est pas endettée, nous disposons d'environ 300 millions d'euros d'actifs. Au niveau de son bilan, l'entreprise est saine. Nous avons de quoi garantir des prêts relais mais cette décision appartient à l'actionnaire", a insisté M. Dufour.
Mais la SNCM est prise entre un actionnaire, Veolia, qui ne veut pas payer les pots cassés, et un autre, l'Etat, qui doit "sortir de l'ambigüité dans laquelle il se trouve actuellement afin de rassurer son partenaire et l'entreprise", a estimé
ean-Pierre Mignard, avocat de la SNCM.
Sébastien Mabil, également avocat de la SNCM, prévient:
"il faut voir si certains sont prêts à assumer deux Florange sur le port de Marseille"
car c'est la survie de l'entreprise qui pourrait se jouer.
La compagnie maritime, qui a affiché des pertes de 14 millions d'euros, s'est engagée dans un programme de renouvellement de sa flotte et la mise en place d'un pacte social qui doit permettre, selon son président, un retour à l'équilibre pour fin 2015.
"Nous avons beaucoup discuté avec les partenaires sociaux, qui ont consenti à
des efforts importants. Cela fait deux ans qu'il n'y a plus de grève à la SNCM, preuve que tout le monde tire dans le même sens. Là, on prend le risque de détruire ce travail", s'est inquiété M. Dufour
Le chiffre d'affaires de la SNCM a été d'environ 300 millions en 2012. L'Etat et Veolia, ses deux actionnaires principaux, ont validé en juin un plan prévoyant la suppression de plus de 500 postes sur quelque 2.600 personnes.