L'association Sherpa a annoncé le dépôt d'une plainte auprès du procureur de la République de Paris, dénonçant un circuit financier suspect de chèques venant d'Afrique et déposés en masse auprès d'une filiale de BNP Paribas à Monaco.
La directrice de Sherpa, Sophia Lakhdar, évoque dans sa lettre de plainte la compétence de la justice française car les chèques envoyés à Monaco sont émis par des banques françaises.Et elle s'en prend à la justice monégasque, tout juste saisie au printemps d'une plainte identique contre BNP Paribas Monaco, qui n'aura "donné aucune suite" à sa démarche "malgré plusieurs lettres de relance".
Interrogé, le procureur de la principauté, Jean-Pierre Dreno, a pour sa part précisé que "l'enquête est en cours" à Monaco et que "l'ouverture d'une information judiciaire est envisagée".
"L'enquête va être longue car 21 pays africains sont concernés par des milliers de chèques émis", a-t-il commenté, en s'étonnant de la réception en juin d'une lettre agressive de l'avocat de Sherpa.
L'association parisienne a pour objectif de défendre les populations victimes de crimes économiques.
L'affaire se base sur un rapport confidentiel de l'inspection générale de BNP Paribas d'octobre 2011, révélant que des milliers de chèques en euros ont été envoyés à Monaco depuis Madagascar, le Gabon, le Sénégal ou le Burkina Faso (au moins entre 2008 et 2011).
Sherpa détaille en fait une pratique répandue dans certains pays d'Afrique: les visiteurs étrangers achètent à leur arrivée dans des hôtels ou des commerces des devises locales en faisant des chèques en euros. Le bénéficiaire du chèque est toutefois laissé en blanc. Ainsi un système local de rachat des chèques permet notamment à des résidents de pays africains d'envoyer de l'argent dans un compte en Europe.
Sherpa estime que BNP Paribas Monaco en acceptant de tels chèques suspects s'est "rendu coupable de blanchiment, de fraude au contrôle des changes et de blanchiment de fraude fiscale".