Les surveillants de prison ont manifesté mardi devant "une petite centaine" d'établissements, selon leur principal syndicat, l'Ufap, qui dénonce des conditions de travail et de sécurité "insupportables" et réclame des moyens et des réformes de fonctionnement.
La ministre de la Justice Christiane Taubira devait recevoir dans l'après-midi une délégation du syndicat. "Une petite centaine" d'établissements ont été touchés à travers le pays, sur 192 au total, avec environ 2.800 manifestants (personnels en congés ou repos), selon Jean-François Forget, secrétaire général du syndicat, qui s'est dit "satisfait" de la mobilisation. L'administration pénitentiaire ne pouvait être immédiatement jointe pour donner ses propres chiffres.
Le mouvement a été décidé notamment après une série de six agressions en trois mois contre du personnel de surveillance dans différents établissements. "On est au bout du bout", dénonce M. Forget. L'UMP réclame notamment la résorption des "plus de 800 vacances d'emplois" dans le prochain budget triennal, actuellement en cours d'élaboration. Le syndicat veut aussi des réformes de l'organisation du travail, avec par exemple une affectation des détenus dans les établissements "en fonction des profils", ou le suivi individuel de détenus par les surveillants.
Dans un communiqué annonçant la rencontre avec l'Ufap, le ministère souligne que :
Mme Taubira est "particulièrement attentive à la situation des personnels pénitentiaires" et "a alerté (dans un courrier mi-avril) le Premier ministre sur la nécessité d'examiner au plus vite le projet de loi de prévention de la récidive et d'individualisation des peines et de pourvoir rapidement les postes vacants dans l'administration pénitentiaire"
La très controversée réforme pénale de la garde des Sceaux, dont l'examen est prévu en juin, vise notamment à tenter de remédier à la surpopulation carcérale en améliorant la lutte contre la récidive et en créant une nouvelle peine de probation, dite "contrainte pénale", non liée à la prison.
Des agressions un jour sur deux
Le nombre de prisonniers en France a franchi un nouveau record début avril, avec 68.859 personnes incarcérées, soit un taux d'occupation de 119,38% par rapport au nombre de places disponibles. Sur le terrain, ont notamment été bloquées les prisons d'Angers, Rennes Vezin, Le Mans - Les Croisettes, Nantes, La Roche-sur-Yon, Vannes ou Brest dans l'Ouest. Les forces de l'ordre sont intervenues à Angers et Rennes pour permettre des extractions judiciaires et devaient faire de même à Nantes, selon l'Ufap locale.Le fonctionnement d'une dizaine d'établissements du Sud-Est a été perturbé, dont les Baumettes à Marseille, où les agents ont été délogés par les forces de l'ordre. "Nous avons des agressions un jour sur deux!", dénonce Thierry Serra, représentant Ufap à la célèbre prison marseillaise.
Dans l'Est, Villefranche-sur-Saône (Rhône) et Lyon-Corbas ont été brièvement bloquées, comme Valence et Roanne. En Midi-Pyrénées/Languedoc-Roussillon 12 des 16 établissements étaient touchés, selon Laurens Maffre, responsable régional Ufap, qui prédit que :
En Aquitaine, seul le centre de détention d'Eysses (Lot-et-Garonne) était touché. "On sacrifie la sécurité du personnel sur l'autel des restrictions budgétaires. A Châteaudun (Eure-et-Loir), l'administration a installé une caméra de surveillance dans la cour de promenade dans le seul but de gagner un poste de surveillant alors que c'est un des points les plus sensibles", dénonçait à Orléans Angui Anasse, délégué régional Ufap. Selon la direction interrégionale des services pénitentiaires de Lille, 12 établissements sur 21 de la zone ont été touchés.un de ces jours, il va y avoir un mouvement chaud bouillant"
En Lorraine, piquets de grève à Nancy, Ecrouves, Montmédy, Saint-Mihiel et Epinal. Idem en Franche-Comté, à Besançon ou à Belfort. En région parisienne, piquet de grève à Bois d'Arcy, alors qu'une centaine de surveillants ont brièvement bloqué Fleury-Mérogis, plus grande prison d'Europe, avant d'être délogés à coup de grenades lacrymogènes par les forces de l'ordre. "Manque d'effectifs, personnel en souffrance !", disait une banderole.On laisse porte ouverte aux détenus pour rentrer tout ce qu'ils veulent par le biais des parloirs et des parachutages. Donc, nous, on ne se sent plus en sécurité", dit Didier Altmann, secrétaire Ufap à Laon, établissement qui a connu deux prises
d'otage, "du jamais vu"