Jean-Luc Godard, inclassable réalisateur franco-suisse, ne veut pas aller à Cannes, ni recevoir de prix, alors même que son film "Adieu au langage" figure parmi les oeuvres en compétition pour décrocher la Palme d'or, a-t-il indiqué samedi 17 mai.
Interrogé par la télévision suisse RTS sur ses intentions, le doyen du festival 2014 Jean-Luc Godard a exclu d'aller à Cannes même si les organisateurs viennent le chercher. "non, parce que j'y suis déjà allé", a-t-il expliqué.
Alors que le journaliste lui demandait ce qu'il faudrait faire pour le convaincre, Jean-Luc Godard, 83 ans, a tout simplement répondu "rien". Enfant terrible du 7e art, vénéré ou détesté, Jean-Luc Godard est entré depuis longtemps dans la légende comme chef de file de la Nouvelle Vague qui révolutionna l'histoire du cinéma, avec des films comme "A bout de souffle" (1959) et "Le Mépris" (1963).
A son actif, une cinquantaine d'oeuvres - fictions, vidéos, films militants - volontiers iconoclastes, souvent marquées par la provocation, qui lui vaudront
un Oscar d'honneur en 2010. Jamais récompensé à Cannes, il y présente cette année "Adieu au langage". Pour autant, la légende vivante du cinéma ne montre guère d'enthousiasme à l'idée de pouvoir recevoir la Palme.
"Par esprit de contradiction, j'aimerais mieux qu'il n'y ait aucun prix. Qu'ils ne soient pas obligés de donner un petit prix, en général pour (l'ensemble de)
sa carrière, ou des choses comme ça, que je sens un peu désobligeant aujourd'hui. J'en ai déjà eu 5 ou 6, j'ai même eu un Oscar", a-t-il dit. Jean-Luc Godard relève qu'il aurait eu plaisir à recevoir la Palme "il y a 30 ou 40 ans", tout en reconnaissant que "cela m'aurait sans doute fait du mal, et je suis heureux d'avoir évité ce mal aujourd'hui". Si la Palme lui est amenée, Jean-Luc Godard affirme même en rigolant qu'il pourrait la donner à son conseiller fiscal, comme il dit l'avoir déjà fait de son Oscar.
Durant l'interview, Jean-Luc Godard, le cigare à la main, indique par ailleurs qu'il ne se considère pas comme un génie. Il dit être "ce qu'on appelle en sciences un autiste de haut niveau et j'aime mieux dire un autiste de caniveau".
Interrogé sur la mort, le cinéaste se déclare "pas anxieux de poursuivre à toute force", et se dit disposé à recourir au suicide assisté, qui est possible en Suisse, s'il est "trop malade".