Dans "Le meraviglie" (Les merveilles), d'Alice Rohrwacher, seul film italien de la Sélection officielle du Festival de Cannes, l'irruption d'un jeune délinquant et d'une émission télévisée change la vie d'un couple d'apiculteurs en quête de pureté, ex-militants vivant en marge de la société.
Cet été-là, Gelsomina, l'aînée des filles (Alexandra Lungu, dont c'est le premier rôle au cinéma), et ses trois soeurs, s'activent avec leurs parents dans la miellerie. Les filles subissent comme à l'accoutumée la dictature du père (joué par le danseur néerlandais Sam Louvyck), un Allemand idéaliste qui croit que "le monde touche à sa fin" et qu'il faut protéger sa famille d'une société corrompue.
Dans l'immense maison délabrée, le travail est difficile, obsessionnel, vital. Mais c'est un été hors du commun dans cette région reculée du centre de l'Italie, entre Ombrie et Toscane, un été au cours duquel les règles qui unissent la famille vont vaciller. Un jeune délinquant allemand, beau et mutique, entre dans le cercle familial, accueilli dans le cadre d'un programme de réinsertion. Parallèlement, le tournage dans la région du "Pays des merveilles", concours télévisé avec Milly Catena (Monica Belluci) comme présentatrice iconique, est aussi l'occasion pour la famille de s'ouvrir au monde extérieur. Au grand dam du père, obligé de lâcher du lest par amour pour son aînée.
"Une très belle cerise"
La réalisatrice italienne, dont le premier long métrage, "Corpo celeste" avait déjà été sélectionné à Cannes pour la Quinzaine des réalisateurs en 2011, a tourné dans une région qu'elle connaît bien, avec sa soeur (Alba Rohrwacher) dans le rôle de la mère aimante chargée de préserver les liens qui unissent la famille. Le choix du monde de l'apiculture n'est pas non plus un hasard, le père d'Alice et Alba étant lui-même apiculteur."Ce film est une fable concrète, matérialiste, crue, (...) l'histoire d'un roi et d'une reine qui ont quatre filles et qui rencontrent une fée habillée de blanc",
a expliqué Alice Rohrwacher lors d'une conférence de presse dimanche. Mais cette histoire est "ramenée à un niveau très proche de la réalité et on laisse au spectateur tout l'espace dont il a besoin pour interpréter ce film comme il le souhaite", a-t-elle poursuivi.
Dans cette fable réaliste, Monica Bellucci incarne un personnage un peu secondaire, mais, pour l'actrice-mannequin qui va fêter ces 50 ans en septembre, ce rôle d'icône en quête de sincérité est "comme une cerise sur le gâteau". "Mais c'est une très belle cerise", ajoute-t-elle en riant.
Malgré l'intransigeance apparente du personnage de Wolfgang, le film reste "tendre", a par ailleurs souligné la réalisatrice, qui s'est dite très inspirée dans son travail par Roberto Rossellini, figure de proue du cinéma néoréaliste italien.
"Dans ce film, on parle beaucoup d'échec, mais de pardon aussi. (...) Nous présentons les personnages sans qu'il y ait de méchants et de bons", note-t-elle. "Wolfgang, par amour pour sa fille, accepte de s'exposer, de s'exprimer et souvent, lorsqu'on s'expose, on échoue". "Ce film a beaucoup de tendresse pour l'échec", ajoute-t-elle.
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