Les espoirs se sont envolés pour les salariés d'LFoundry. Le tribunal de commerce de Paris a choisi l'offre de reprise de 18 millions d'euros d'un courtier Brésilien. Un courtier qui devrait démanteler le site de Rousset dans les deux ans.
Le tribunal de commerce de Paris a choisi un courtier, un "broker" dans le jargon économique, pour racheter l'entreprise de micro électronique de Rousset. Contrairement à ce qu'espéraient les ex salariés, l'activité industrielle de fabrication de semi-conducteurs ne se poursuivra pas sur le site. Le "Broker" brésilien devrait démanteler l'usine dans les deux ans.
"C'est une décision incompréhensible sur le plan financier, humain et économique", a déclaré à l'AFP Isabelle Constant, une ancienne directrice en recherche et développement du site.
Jean-Yves Guérini, délégué syndical CFDT, a toujours cru en la viabilité économique d'un projet industriel. Que ce soit à travers une coopérative ouvrière ou le projet californien de Général Vision, porté par un ingénieur français candidat à la reprise avec une poignée de cadres et de salariés et qui proposait 9,5 M d'euros pour redémarrer l'activité industrielle avec l'embauche de 240 salariés sur deux ans.
500 salariés au chômage déçus par le gouvernement
"On nous a fait croire que l'on avait des chances d'aboutir alors que la décision était déjà prise depuis longtemps", déplore Isabelle Constant, soulignant que Philippe Lambinet, qui portait le projet californien, avait encore été reçu mardi à Bercy. Le cabinet d'Arnaud Montebourg, ministre du redressement productif, lui avait demandé de préciser trois points administratifs pour que le projet passe alors que la décision du juge du tribunal de commerce,datée du 10 juin, était déjà prise s'indigne Isabelle Constant.La responsabilité d'Atmel
L'avocat parisien mène pour ses clients différentes actions en justice contre les anciens propriétaires du site du Rousset. Ils reprochent à l'ancien propriétaire,l'Américain Atmel, d'avoir sciemment revendu en 2010 l'usine au groupe allemand LFoundry, alors déjà en difficulté, afin qu'il ferme l'entreprise à moindre coût. Une action collective ("class action") a ainsi été engagée devant une juridiction new-yorkaise pour faire annuler la cession de 2010 et surtout démontrer
la responsabilité d'Atmel à l'égard des salariés.
Démantèlement
Un gâchis financier pour de nombreux salariés. Il faudra 24 millions d'euros pour dépolluer et démonter cette usine classée Seveso. "Avec une telle somme on aurait pû largement faire redémarrer l'activité. Avec le choix du broker brésilien "le site devient une terre brûlée" conclut Isabelle Constant.l