"Nous n'avons pas honte de nos revendications" expliquent les cheminots grèvistes

Pour la première fois les cheminots marseillais en grève ont tenu mardi leur AG au beau milieu de la gare Saint-Charles, "fiers" de leur mouvement destiné à défendre une convention collective mais aussi un service public qu'ils estiment "en danger".
 

Quelque 150 grévistes, à l'appel de la CGT, FO, et Sud, se sont réunis dans le hall face aux quais, engageant pour certains la conversation avec des usagers généralement placides. "Nous voulions dire +on n'a pas honte de nos revendications!+," expliquait
l'un d'eux.

On nous taxe de +gréviculteurs+, mais on n'est pas là pour bloquer les gens!", souligne Gilbert Dhamelincourt, de FO Rail Paca, relevant qu'il s'agit du premier mouvement reconductible depuis 2010. "Nous avons tenté de porter le message avec des grèves moins gênantes mais ça ne marche pas". "Une vraie colère monte quant à la façon dont nous sommes montrés du doigt", en particulier par le gouvernement, note Philippe Goalard, cheminot depuis 1995. "Peut-être n'avons-nous pas assez communiqué; en cette 2e semaine (d'action) il faut expliquer plus".


Attendant en bas de la direction régionale, où les grévistes sont allés demander - en vain - des chiffres de mobilisation qu'ils estiment minorés (14% au niveau national selon la direction), le jeune conducteur de TER exprime son inquiétude face au projet de réforme. Au coeur de ses préoccupations, les "futures conventions collectives qui seront débattues" dans la foulée de la réforme ferroviaire, étudiée
à partir de mardi par l'Assemblée nationale.

Ce sera forcément tiré vers le bas", dit-il, redoutant des suppressions de 20 jours de repos annuels, des temps de repos intermédiaires amputés... "Nous, les roulants, serons très affectés. Deux jours sur trois je me lève à 4h30 pour faire les matinées, et en fin de matinée je suis vraiment fatigué. Avant, nous ne faisions pas de train de voyageurs après une matinée; ce n'est plus le cas. On nous demande une productivité toujours plus importante."




"Nous défendons nos conditions de travail mais aussi une vision du service public rendu à la collectivité", insiste Frédéric Michel, secrétaire régional de Sud Rail
Paca.
"La division (depuis 1997) entre RFF et la SNCF, tout le monde constate que ça ne marche pas", dit-il, les protestataires prônant, au nom
de "l'efficacité", une seule entité, en lieu des trois proposées par la réforme. Mais l'autre problème est bien le volet social du projet: "Ce n'est pas une attaque frontale mais indirecte sur la réglementation du travail. Car cette question est reportée à une convention collective dont les négociations doivent durer tout 2015".
Dénonçant un risque de "dumping social", les grévistes craignent que leur convention ne soit alignée sur celle des 4.000 cheminots du frêt privé. Les conditions de travail, "c'est la sécurité ferroviaire", insiste M. Michel: c'est aussi la formation, ou encore la garantie de l'emploi qui permet de dénoncer si nécessaire son patron. 

Ce qu'on essaie de nous vendre à travers la réforme c'est un désendettement et un financement du système ferroviaire sur les règles de la rentabilité. Ce n'est pas possible, ça s'est vu en Grande Bretagne, ils sont passés par là plusieurs années, après ils ont renationalisé le réseau", dit-il.

Le chemin de fer n'est pas un truc rentable!". Et d'ironiser sur l'optimisme de l'UNSA et la CFDT, non grévistes. "..S'imaginer comme l'UNSA et la CFDT qu'il suffira de taper sur l'épaule des députés pour leur demander un amendement........"


Après l'AG, pour la première fois en une semaine de mobilisation les cheminots marseillais ont sillonné la ville, drapeaux de leurs syndicats au vent pour rejoindre des intermittents en lutte.
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