Le parquet général de Lyon s'est prononcé jeudi en faveur de l'extradition vers la Russie d'un ancien ministre de la région de Moscou soupçonné d'avoir détourné des milliards de roubles, Alexeï Kouznetsov, arrêté à l'été 2013 sur la Côte d'Azur.
A l'audience, l'avocate générale Alexandrine Lenoir a rejeté les arguments de la défense qui dénonce une affaire politique, ainsi que des conditions de jugement et de détention en Russie qui ne seraient pas acceptables.
Délibéré le 17 octobre
La chambre de l'instruction de la cour d'appel de Lyon a mis sa décision en délibéré au 17 octobre. En janvier, son homologue d'Aix-en-Provence s'était prononcée pour l'extradition de M. Kouznetsov, 51 ans, mais son arrêt a été annulé en avril par la Cour de cassation et l'affaire a été renvoyée dans le Rhône.interpellé à Saint-Tropez
Cet ancien ministre des Finances de la région de Moscou a été interpellé près de Saint-Tropez le 5 juillet 2013, en possession de cinq passeports aux noms différents. Il est accusé par la Russie d'avoir organisé, de 2005 à 2008, le rachat de créances d'entreprises municipales et de les avoir fait garantir par la région de Moscou pour obtenir des prêts dont il aurait détourné les montants.La fraude est estimée à 14 milliards de roubles par le parquet russe, soit plus de 400 millions d'euros au taux de change d'alors.
L'avocat de l'ex-ministre, Me Grégoire Rincourt, a réclamé à la cour le visionnage d'un documentaire sur la colonie pénitentiaire n°6 de Briansk, où son client purgerait sa peine s'il était extradé puis jugé et condamné en Russie, mais sa demande a été rejetée.
évoquant la présence dans la salle d'audience du policier russe qui l'a traqué, Alexandre Filin - le même qui enquêta sur l'oligarque et opposant russe Boris Berezovski, retrouvé mort à son domicile en Angleterre en 2013."J'ai peur pour ma vie", a affirmé M. Kouznetsov,
"Le bras armé du Kremlin", selon Me Rincourt. L'avocat dénonce une affaire "purement politique" qui s'inscrirait dans une "prise de contrôle de la région de Moscou" par le pouvoir. A travers M. Kouznetsov, c'est l'ancien gouverneur de la région, Boris Gromov, héros respecté et influent de la guerre d'Afghanistan, qui serait visé.