L'initiateur des "Rencontres internationales d'Arles", le photographe Lucien Clergue, est décédé dans la nuit de vendredi à samedi à l'âge de 80 ans. Autodidacte, ami de Picasso, il était aussi violoniste et a fait de la photo un art vivant.
Il était l'ami des génies de sa génération, il cotoyait Pablo Picasso, ou encore le guitariste Manistas de Plata décédé la semaine dernière. Lucien Clergue avait fondé avec son ami l'écrivain Michel Tournier le festival international de photographie des "Rencontres d'Arles" qui se tient chaque année au mois de juillet. Les photographes les plus célèbres du monde y sont toujours invités. Lucien Clergue a été le premier photographe à être élu membre de l'Académie des beaux-arts de l'Institut de France.
Autodidacte de génie
L'Arlésien a appris les rudiments de la photographie tout seul. Quatre ans après ses débuts, à 18 ans, lors d'une corrida à Arles, il force le destin en mettant ses photos sous le nez de Pablo Picasso. Une forte amitié née de cette rencontre. Leur amitié durera près de trente ans, jusqu'à la mort du Maître en 1973. Le livre Picasso mon ami (Éditions Plume) retrace les moments importants de leur relation.Nous l'avions justement rencontré en octobre dernier : le musée Réattu d'Arles exposait la collection privée d'oeuvres de Picasso appartenant au photographe Lucien Clergue. Des dessins, des gravures, des photographies du maître accumulés pendant plusieurs décennies et qui montrent comment les deux hommes se sont inspirés mutuellement. Un échange, un dialogue entre deux regards d'artistes.
Rencontre avec Lucien Clergue et Pascale Picard, directrice du Musée Réattu d'Arles
L'hommage de Françoise Nyssen, des éditions Actes Sud
Elle l'appelle Lulu, parle d'un homme généreux, exigeant et surtout souligne qu'il était pratiquement de la famille. Lucien Clergue, elle a l'impression de l'avoir toujours connu. "Nous n'étions pas seulement liés par notre amour pour la photographie, mais aussi car mon père et lui étaient très proches" témoigne Françoise Nyssen, co-fondatrice des Editions Actes Sud. Elle parle aussi de son fils à elle, Antoine, disparu très jeune : "ils étaient également très liés car Lucien avait détecté chez Antoine un talent artistique qu'il appréciait".
C'est l'homme qui a le plus fait pour le monde de la photo"
"Le monde de la photo lui doit beaucoup" ajoute Mme Nyssen " car il a toujours oeuvré pour la reconnaissance de cet art".
Grand amateur d'art en général et grand musicien, ce touche à tout avait sorti son violon en public en l'honneur des 80 ans de Hubert Nyssen, le père de Françoise.
Le plus américain des Arlésiens
Il découvre les états-unis à 27 ans, expose très vite au musée d'Art moderne de New-York. Il en parle d'ailleurs, dans ce reportage qui lui est consacré. Un reportage fait en 2011 à Arles. Lucien Clergue y organise avec sa fille, commissaire d'exposition, une rétro qui lui est consacrée.
L'oeil et la voix de Lucien Clergue
Beau portrait du grand homme sur France Culture , à écouter sur leur site