Des buts à la pelle, un entraîneur adulé, des gardes à vue... L'année 2014 de Marseille, sacré champion d'automne dimanche, a été à l'image de la réputation du seul club français vainqueur de la Ligue des champions: bouillante.
16 août 2014. L'OM, après avoir abandonné d'entrée deux points à Bastia en se faisant remonter en fin de match, s'incline sèchement à domicile, 2-0 face à Montpellier. Dans la foulée d'une saison 2012-2013 ratée. Bien malin qui peut alors anticiper les huit victoires qui vont suivre, le mano a mano avec l'ogre parisien et les "Bielsa! Bielsa!" frénétiques scandés par le Vélodrome. Une moitié de saison plus tard, Gignac a inscrit douze buts, Payet distillé des "caviars", dont sept passes décisives, et l'OM apparaît comme le candidat le plus légitime aux places européennes, voire, pour les plus optimistes de l'effectif, au titre de champion de France.
'Ils te broient'
Tout a déjà été dit sur le génial Argentin amené à Marseille par le président Vincent Labrune, pour mener cette métamorphose: Marcelo Bielsa, ses 59 ans, son intransigeance et ses interminables séances de travail ont déjà fait l'objet de deux biographies, et sont vénérés par l'exigeant Vélodrome. Comme en Argentine, où un stade de 42.000 places, celui des Newell's Old Boys, porte déjà le nom d'un entraîneur pourtant connu pour son humilité et sa discrétion.Sur le plan comptable, les statistiques s'empilent: 13 victoires en 19 matches, 38 buts marqués, une différence de buts de +21 et l'affluence moyenne la plus élevée de France (52.686 selon la LFP). Sur le terrain aussi, l'OM a régalé. "Cette année, ils courent, les mecs, s'était exclamé Michel Der Zakarian après la défaite de Nantes au Vélodrome (2-0). Ils attaquent à sept ou huit et t'obligent à faire des courses. Ils répètent, ils répètent, ils répètent, et à la fin ils te broient".
L'OM a parfois peiné à concrétiser cette supériorité, à l'extérieur notamment. Défaits à Lyon, Paris, Monaco, accrochés à Bastia ou Lorient, les Olympiens n'avaient jamais pu distancer les champions en titre, qui les ont ainsi battus lors du "Clasico". Mais les voilà qui devancent de trois points le PSG et de deux Lyon, leur surprenant dauphin de la phase aller.
C'est sans filet qu'ils s'élanceront pour la seconde partie de championnat: l'usure physique entraînée par le système Bielsa, et morale si les résultats ne suivent pas, pourraient la rendre bien différente de la première.
Gardes à vue
"Quand il y a la moitié du championnat qui passe, on peut décrire la compétition de beaucoup de manières, avait d'ailleurs anticipé l'Argentin. Et après, quand on joue les 19 matches qui restent, il y a beaucoup de circonstances qui ne se répètent pas".Vincent Labrune signerait sans doute volontiers pour que certaines, effectivement, ne se répètent pas. Selon la presse, il a en effet très mal vécu d'avoir été placé en garde à vue, mi-novembre. Car les six mois de l'OM ont aussi été enflammés loin des terrains, avec la garde à vue de plusieurs de ses cadres pour une enquête sur des transferts présumés frauduleux, notamment celui de l'attaquant André-Pierre Gignac, qui pourrait partir en fin de saison.
Une quinzaine de personnes - membres ou ex-membres de l'encadrement du club ou intermédiaires et agents de joueurs, agents administratifs, avocat - ont ainsi été interpellées, avant de voir leur garde à vue levée.
Un nuage parmi d'autres à l'horizon de Marseillais qui perdront en outre l'avantage de la surprise lors de la phase retour. Et qui, ne devant pas se renforcer cet hiver selon leur président, auront de toute façon du mal à faire aussi bien qu'à l'aller. Mais il serait bien périlleux de se livrer à des prévisions hasardeuses. Surtout quand c'est "El Loco" aux commandes...