La cour d'appel d'Aix-en-Provence dans les Bouches-du-Rhône a confirmé ce mardi la condamnation du maire (ex-UMP) de Roquebrune-sur-Argens (Var) Luc Jousse à 10.000 euros d'amende et une année d'éligibilité pour provocation à la haine ou à la violence raciales.
C'est la peine qu'avait prononcée le tribunal correctionnel de Draguignan en novembre 2014 et qu'avait demandée l'avocat général le 13 avril, à laquelle la cour d'appel a ajouté 800 euros à verser à chacune des parties civiles, la Ligue des Droits de l'homme et le Forum européen des Roms et des gens du voyage.Reportage MALORY Francis, DEQUIDT Alexandre et TABA Alexandre :
Lors d'une réunion publique tenue le 12 novembre 2013 dans le quartier des Issambres, évoquant un incendie survenu dans un campement voisin abritant une communauté rom, l'élu avait lâché: "Ce qui est presque dommage, c'est qu'on ait appelé trop tôt les secours."
Regrettant ses propos -"Si c'était à refaire, je ne le referais pas"-, le maire avait plaidé lors de l'audience qu'il s'était laissé aller à un "trait d'humour, de dérision, destiné à dépassionner les débats, à débloquer une situation" face à une population excédée par les nombreux départs de feu dans ce campement.
Me Florence Leroux-Ghristi, défenseure de la Ligue des Droits de l'homme et du Forum européen des Roms et des gens du voyage, avait assuré "frémir sur l'impact qu'auraient pu avoir ces paroles"."Dire que j'ai voulu brûler des gens m'est insupportable. Extraire cette phrase cruelle d'une demi-heure de débat, c'est si facile", a insisté l'élu.
Dans son réquisitoire, l'avocate générale Isabelle Pouey avait estimé que ces propos "constituent bien un message adressé au public incitant à haïr un groupe de personnes".
Derrière l'élu en larmes, son défenseur, Me Michel del Rio, avait plaidé la relaxe car "priver de son éligibilité un élu qui a passé quatorze ans de sa vie au service de citoyens pour un trait d'humour, ce n'est pas justice. Il s'en est excusé, il n'aurait pas dû le faire".
M. Jousse a par ailleurs été condamné en appel le 14 avril à 5 ans d'interdiction de droits civiques (et donc d'inéligibilité) et 20.000 euros d'amende pour détournement de fonds publics, pour avoir notamment abusé de l'utilisation de cartes d'essence de sa commune. (Avec AFP)