"Ça nous donnera un peu plus de liberté" : face au déclassement de la protection du loup, les éleveurs restent dans l'attente de précisions

Réclamé par les éleveurs, le déclassement du loup d'espèce "strictement protégée" à "protégée" devrait intervenir d'ici à trois mois. S'il donne satisfaction aux éleveurs victimes d'attaques, ce changement de statut demande encore à être précisé.

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Les 49 États membres de la Convention de Berne sur la protection de la faune ont approuvé, le 3 décembre dernier, un déclassement du statut de protection du loup, qui va passer d'espèce "strictement protégée" à "protégée". Ce changement devrait faciliter l'augmentation des abattages dans certains pays. "On ne pourra pas se mettre à chasser le loup sans aucun cadre", a expliqué le directeur des programmes du WWF-France, Yann Laurans, mais cette décision permettra "de généraliser la possibilité de tirer et de tuer des loups, selon des règles qui devront être déterminées nationalement". De quoi réveiller la vigilance des défenseurs de l'animal.

Un encadrement des abattages

En France, où le nombre de loups s'établit à environ un millier d'individus, les abattages du prédateur sont déjà autorisés par dérogation, dans des conditions très précises pour protéger des troupeaux. De nombreux éleveurs ont poussé en faveur de cette décision, qui va permettre d'abattre plus facilement le canidé.

Des attaques de plus en plus fréquentes

Une première victoire pour cet éleveur de brebis des Alpes-de-Haute-Provence. "Chaque année, nous perdions une vingtaine ou une trentaine de brebis, et pour remédier à ceci, nous avons dû augmenter le nombre de chiens, on est passé de un à six". Installé dans son exploitation, sur la commune du Lauzet-Ubaye, depuis 1992, Marc Savornin n'a jamais connu autant d'attaques de loup que ces dernières années : "c'est très pénible d'arriver le matin et de trouver ses bêtes abîmées, à moitié dévorées encore vivantes pour certaines, et d'être obligé de les euthanasier", raconte-t-il," avant, on n'avait le droit de défendre nos troupeaux qu'après une attaque et là ça nous donnera un peu plus de liberté".

À la recherche d'un juste équilibre

Benjamin Ferrand, lui, a vu un de ses veaux tué par un loup, ce qui a représenté pour cet éleveur bovin une perte de 2500 euros et l'équivalent d'une année de travail pour une bête. Si le déclassement lui donne satisfaction sur le principe, il reste, selon lui, encore une zone de flou dans sa mise en application. "On risque d'avoir une baisse de l'enveloppe sur les aides pour les équipements telles que le gardiennage ou les filets de protection", explique le président des Jeunes agriculteurs du 04," il faudra rester vigilants, parce que ça ne veut pas dire qu’il y aura moins de loups et on va devoir préserver nos moyens de protection".

Ce changement de statut pourrait effectivement faciliter l'abattage des loups, une décision condamnée par les défenseurs des loups. Pierre Gottardi, président de France Nature Environnement dans le département, reste lui aussi sur ses gardes : "le problème, c'est que l'on ne sait pas comment cela va se traduire en termes de gestion. Aujourd'hui, on a un protocole bien établi, mais on ne sait pas ce qu’il va devenir et la menace que cela fera peser sur l'espèce à l'échelle européenne."

De son côté, l'Office Français de la Biodiversité a recensé pour cette année 2024, 591 attaques de loups dans les Alpes-de-Haute-Provence, un chiffre en augmentation de 10%, tandis que le nombre de bêtes tuées a, lui, diminué de 5 %. 

Article écrit avec Chloé Nivard.

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