Trois jours après la dernière attaque de loup confirmée, 40 éleveurs se sont réunis à la mairie de Thorame-Basse (Alpes de Haute-Provence). Ils attendent désespérément des solutions concrètes. Ils ont seulement été entendus.
Dans la salle de réunion de la mairie de Thorame-Basse, quarante éleveurs de brebis sont assis, presque religieusement. Dans leurs yeux, on peut percevoir le sentiment de désespoir. Bruno Bichon, le maire de la commune, l'a bien compris. Dans son allocution d'ouverture, il demande que la discussion se passe dans le calme et la sérénité.
"Je comprends le désespoir des éleveurs, ils sont au bout du rouleau, certains m'ont dit qu'ils voulaient arrêter", raconte Bruno Bichon.
En face des éleveurs, les autorités locales sont présentes, pour écouter, plus que pour apporter des solutions. Le préfet délégué au loup assiste aussi à la discussion, en audioconférence.
"Les éleveurs ne savent plus quoi faire, ils respectent les recommandations européennes, notamment en prenant des chiens Patou et maintenant ils sont accusés lorsque ces chiens attaquent les randonneurs", poursuit le maire.
La dernière attaque a eu lieu à 20 mètres des habitations
Dans la nuit de samedi à dimanche, sur la commune de Thorame-Basse, huit brebis et sept agneaux sont morts, victimes d'une attaque de loup. "Il a attaqué pour tuer, c'est bien un loup, c'est confirmé par les experts", indique Bruno Bichon.Ce qui inquiète le maire et les éleveurs, c'est que cette fois, l'attaque a eu lieu dans un enclos électrifié, situé à une vingtaine de mètres seulement des habitations.
Pour Eric Roux, le propriétaire du troupeau, la colère a cédé la place au désespoir. Deux jours plus tôt, il avait déjà perdu deux béliers et deux agneaux.
Les conséquences sur le cheptel
Certes, les éleveurs sont indemnisés lorsqu'ils sont victimes d'une attaque de loup, encore faut-il qu'ils gardent les cadavres jusqu'à l'expertise. Mais il y a d'autres conséquences, comme le stress.Le stress bloque la production de lait des brebis allaitantes, elles ne peuvent plus nourrir leurs agneaux. "Après une attaque de loup, le stress sur les brebis en gestation entraîne des agneaux mort-nés", s'insurge Bruno Bichon, "et ça, ce n'est pas pris en compte dans l'indemnisation".
Au-delà du problème d'indemnisation, les éleveurs rappellent que leur travail est "de nourrir les hommes, pas les prédateurs" et demandent que les millions d'euros dépensés dans le cadre des indemnisations, soient utilisés autrement.
500 loups en France ?
Au cours de la réunion, les autorités ont indiqué qu'en France, 500 loups ont été recensés. Pour les éleveurs, les chiffres sont erronés et pour cause : "si le nombre de loups était supérieur à 500, l'Europe serait obligé d'autoriser plus de tirs d'abattage", précise le maire.Nicole Chabanier, sous-préfète de Castellane, récemment nommée, a promis de faire remonter les informations et va également demander une augmentation du quota d'abattage de loup.
Dans la région du Haut-Verdon, le nombre d'attaques de loup a pratiquement doublé par rapport à l'année dernière.