Il y a neuf ans, un avion de la Germanwings, s'écrasait à proximité de Barcelonnette, dans les Alpes-de-Haute-Provence. Qu'est-ce que ce crash a changé en termes de réglementation ? France 3 Provence-Alpes fait le point.
Triste anniversaire. Il y a neuf ans jour pour jour, un avion de la Germanwings s’écrase à proximité de Barcelonnette, dans les Alpes-de-Haute-Provence. À son bord, 149 personnes. Le copilote, Andreas Lubitz du Airbus A320 qui reliait Barcelone à Dusseldorf, décide de mettre fin à ses jours, entrainant équipage et passagers avec lui. Une descente interminable de 10 minutes et 13 secondes, durant lesquelles le pilote a tenté de rejoindre le cockpit. En vain.
À la suite de cette tragédie, un rapport final d’enquête a été publié par le Bureau d’enquête et d’analyses pour la sécurité de l’aviation civile (BEA) français. Ce dernier a révélé plusieurs recommandations :
Deux personnes en permanence dans le cockpit
Le copilote s’était enfermé, seul, dans le cockpit, suite au passage aux toilettes du pilote. Le rapport a donc recommandé la mise en œuvre de la règle selon laquelle au moins deux membres d'équipage doivent être présents dans le cockpit à tout moment. Cette recommandation a été adoptée par l'Agence européenne de la sécurité aérienne (AESA) peu après le crash.
Évaluation de la santé mentale des pilotes
Le rapport a souligné la nécessité d'une évaluation plus approfondie et plus fréquente de la santé mentale des pilotes. Il a recommandé que les compagnies aériennes mettent en place des programmes de détection et de prévention des problèmes de santé mentale, et qu'elles encouragent un environnement où les pilotes se sentent à l'aise de signaler leurs problèmes de santé sans crainte de conséquences négatives sur leur carrière.
Confidentialité des dossiers médicaux
Le rapport a suggéré une révision des règles de confidentialité concernant les dossiers médicaux des pilotes. Il a recommandé que les médecins soient tenus d'informer les compagnies aériennes de tout problème de santé mentale pouvant affecter la capacité d'un pilote à voler. Cette recommandation avait été vivement contestée par Yves Deshayes, vice-président du Syndicat national des pilotes de ligne (SNPL). "Au pire, les pilotes n’iraient plus se soigner ou bien se soigneraient sans déclarer qu’ils sont pilotes", avait-il déclaré. Mais il n’était pas le seul. Le docteur Jean-Marie Faroudja, ex-responsable éthique du Conseil de l’Ordre des Médecins qui avait confié sa crainte : "Si on brise le secret médical, on risque de perdre la confiance du patient qui craindra d’exprimer ses maux."
Formation en facteurs humains
Le rapport recommande que les compagnies aériennes et les autorités de réglementation renforcent la formation en facteurs humains pour les pilotes. Cette formation devrait inclure des modules sur la gestion du stress, la prise de décision, la communication et le travail d'équipe.
Suivi des pilotes après une interruption de formation
Le rapport a recommandé un suivi plus étroit des pilotes qui reprennent leur formation après une interruption prolongée. Andreas Lubitz avait interrompu sa formation pendant plusieurs mois en raison de problèmes de santé mentale, mais il avait été autorisé à reprendre sa formation sans évaluation approfondie de son état mental.
Le crash de l'avion de la Germanwings a été une tragédie dévastatrice, mais il a également servi de catalyseur pour des changements importants dans les réglementations aériennes. Ces changements visent à améliorer la sécurité aérienne et à prévenir de futurs incidents similaires. Cependant, il reste encore du travail à faire pour garantir que tous les aspects de la santé mentale des pilotes soient correctement pris en compte et gérés.