Rachetée grâce à une souscription publique, la bibliothèque de l'écrivain Jean Giono va être dévoilée le 29 juin, au terme de sa restauration, dans son ancienne demeure de Manosque (Alpes-de-Haute-Provence), a annoncé la Fondation du patrimoine.
Le Paraïs, la maison de Jean Giono à Manosque, est un lieu de mémoire littéraire. Dans sa maison, Jean Giono a constitué une bibliothèque d'écrivain exceptionnelle d'environ 8 000 ouvrages, dont beaucoup annotés de sa main. Il y a conservé ses archives littéraires et personnelles, ainsi que de nombreuses oeuvres et objets d'art.
La sauvegarde du patrimoine par les dons
La Fondation du patrimoine s'est associé à ce projet porté par l'Association des Amis de Jean Giono pour leur permettre l'acquisition de cette incroyable bibliothèque par le biais d'un crowfunding et récolte de dons.
L'écrivain Metin Arditi et le mécène Pierre Bergé, avant sa mort, ont également donné un total de 50.000 euros, comme quelques entreprises et institutions qui
ont fait des dons parallèlement à la souscription publique.
Une bibliothèque personnelle remarquable
"Giono a constitué pendant 50 ans, entre 1920 et 1970, une bibliothèque remarquable, qui faisait sa fierté, et dont le catalogue révèle l'ampleur de sa culture et de son érudition, la diversité de ses intérêts, de ses curiosités et de ses goûts",souligne la Fondation du patrimoine.
L'histoire d'une vie
L'écrivain achète cette maison en mars 1930. Il y meurt en octobre 1970. Entre ces deux dates, il y a écrit la totalité d'une oeuvre traduite en cinquante langues et universellement reconnue comme l'une des plus importantes de la littérature française du XXe siècle.
Le bâtiment d'origine a été construit au XIXe siècle. Pendant les quarante années où il a vécu au Paraïs, Jean Giono a fait procéder à des agrandissements successifs et a fait l'acquisition de plusieurs terrains mitoyens de sa propriété pour en faire des jardins d'agrément et de promenade. Ces jardins accueillent aujourd'hui des manifestations littéraires et culturelles (spectacles, concerts, colloques, conférences, débats, etc.).
Lieux d'échanges culturels
Jean Giono a reçu au Paraïs de nombreux artistes, compositeurs, comédiens, metteurs en scène, photographes, éditeurs et écrivains : André Gide, Blaise Cendrars, Léon-Paul Fargue, Ramon Fernandez, Jean Paulhan, Jean Guéhenno, Gustave Cohen, Maurice Genevoix, Marcel Pagnol, Marcel Duhamel, Henry Miller, T. S. Eliot, Charles Morgan, Jean Carrière, Chester Himes, Martin Heidegger, Charles Dullin, Jean Vilar, Edwige Feuillère, Catherine Deneuve, Alain Delon, Bernard Buffet, Yves Brayer, Jean Carzou, Irving Penn, Erwin Blumenfeld, Gisèle Freund, Denise Bellon...
Un patrimoine a entretenir devenu coûteux
Depuis la mort de Jean Giono, la maison a toujours été entretenue par sa veuve et ses deux filles. Le cadre familial et de travail a été préservé et les collections maintenues sur place. Inscrit à l'Inventaire Supplémentaire des monuments historiques depuis 1996, le Paraïs a reçu les labels du ministère de la Culture et de la Communication : "Patrimoine du XXe siècle" en 2008 et "maisons des illustres" en 2011.
La fille cadette de l'auteur, Sylvie Giono, avait mis en vente ces biens alors que l'entretien de la bâtisse du XVIIIe siècle était devenu trop lourd. L'appel aux dons, lancé en juin 2015, par l'association des Amis de Jean Giono, a rencontré "un succès national inédit pour ce type de patrimoine", a souligné la Fondation
du patrimoine, qui a chapeauté l'opération.
L'enjeu du "Projet Giono" autour du Paraïs, soutenu par un Comité de parrainage présidé par Pierre Bergé, est de préserver et valoriser un patrimoine unique, tout en maintenant vivante la maison de l'écrivain, outil exceptionnel pour transmettre, étudier, susciter le désir de lire ou de relire l'oeuvre de Jean Giono.