Bien connue des habitants de la Roya, la gare de Saint-Dalmas de Tende n'en finit pas de nourrir tous les fantasmes depuis quelques décennies. L’ancienne gare italienne pourrait renaître de ses cendres, la mairie a des projets. Explications.
"Mussolini voulait à travers cette gare montrer la grandeur de l’Italie." C’est ainsi qu'Armand Oliviero résume cet endroit, une gare totalement hors norme pour un village de 600 habitants.
"Quand on partait de Sospel" ajoute ce passionné de l’histoire de la Roya, installé à Tende, "la petitesse de la gare quittée devait trancher avec celle de Saint-Dalmas. On l’apercevait de loin, depuis le train, à la sortie d’un tunnel".
Il faut préciser qu’à l’époque cette partie de territoire appartenait à l’Italie, la gare ayant été inaugurée en 1927, construite à l'iniative de l'administration ferroviaire italienne (ligne Nice-Coni)
Mussolini voulait en mettre plein la vue aux touristes qui sortaient de France. Difficile, à l’extérieur de l’imposante bâtisse en pierre de taille, d’imaginer comment cela pouvait être à l’intérieur.
Armand Oliviero nous éclaire sur ce point. Il faut d’abord vous dire, explique-t-il "que la gare est murée désormais et qu’il est donc impossible d’y pénétrer. Mais je me souviens pour y être entré il y a 15 ans, c’était monumental, gigantesque. En plus d’être une gare, c’était, pendant sa période d’activité, le lieu où étaient hébergés les carabiniers et les soldats italiens".
On en apprend encore plus sur le bâtiment auprès du ministère de la Culture : "120 mètres de longueur, 15 de largeur, un corps central plus élevé flanqué de deux longues ailes, animées par d’autres avant-corps. Le tout est recouvert de toits de tuiles, en pavillon ou à deux versants."
Décor néo-baroque
Rien à envier avec l'architecture intérieure, "un décor à caractère néo-baroque, le jeu vigoureux des matériaux (bossages rustiques alternés, bichromie des pilastres et des murs du corps central…)"
La gare devient française après la Deuxième Guerre mondiale, en 1947 exactement, et devient la propriété de la SNCF. Elle abritera des colonies de vacances durant l’été.
Son avenir sera plus sombre, précise Armand Oliviero. Elle devient un lieu de squatt dans les années 2000, tout a été saccagé à l’intérieur, il n’y a plus rien.
Ce bâtiment, c’est un peu l’arlésienne.
"Mais il y a du potentiel" assure Sébastien Vassalo, adjoint au maire de Tende en charge des finances : "Des projets il y en a eu, le dernier en date c’était un cabinet d’architecture marseillais mais qui n’a finalement pas abouti, un projet de plusieurs millions, l’idée étant d’en faire un hôtel de luxe pour les touristes étrangers avec un accès train à proximité, un partenariat avec la SNCF mais tout cela n’a pas vu le jour."
Les périodes d’occupation illégales des lieux n’auraient selon Sébastien Vassallo rien arrangé. Certains investisseurs pouvant prendre peur.
Et il se veut optimiste pour la suite. "A condition qu’on ne mène pas le projet seul. On n’a pas les reins assez solides. Cela pourrait se faire en partenariat avec le département des Alpes-Maritimes par exemple et la Société Locale Publique de Menton."
Il tempère cependant son enthousiasme : "sachant que selon nos estimations le bâti qui appartiendrait à la SNCF est évalué à 1,6 million d'euros."
"Je ne peux pas vous confirmer ce chiffre" souligne Elodie Naudot en charge de la valorisation territoriale à la SNCF et du patrimoine immobilier, "le prix de vente étant fixé en fonction du projet conduit". De fait les prix pourraient grimper, selon Sébastien Vassallo.
Pour l’heure la SNCF dit n’avoir eu d’autres choix que d’abord murer le rez-de-chaussée puis, face aux intrusions répétées, le premier étage.
Projets
Parmi les pistes envisagées, un auditorium et une halle de commerce mais aussi sur le même terrain un lotissement. Quant au calendrier, cela reste la grande inconnue.