Les traces d'une villa romaine et des sépultures ont été mis au jour dans le sol de cette commune de la Vésubie dans les Alpes-Maritimes. Les services archéologiques annoncent faire au plus vite pour permettre la reprise du chantier. A l'avenir, d'autres vestiges pourraient être découverts dans la vallée.
Les traces d'une villa romaine de plus de 76 mètres de long et des sépultures, voilà les vestiges qui se cachaient dans le sol de Roquebillière dans les Alpes-Maritimes.
Une découverte faite par des ouvriers à la mi-novembre dans le quartier Gordolon.
Alors qu'ils commençaient les travaux pour la construction de bâtiments devant accueillir des entreprises délogés par la tempête Alex, ils ont mis au jour des restes humains.
La gendarmerie nationale a alors été prévenue, mais devant l'ancienneté des ossements, c'est la Direction régionale des affaires culturelles (DRAC) qui a récupéré le dossier.
Un site exceptionnel
Selon les premières observations, les sépultures dateraient de deux périodes distinctes. Une première couche du 4e et 5e siècle et d'autres sépultures plus tardives, creusées entre le 13e et 14e siècle.
Sous les tombes une incroyable découverte. Les traces de ce qui semble être une villa romaine de plus de 76 mètres de long, datée entre le1er et le 4e siècle.
Dans les Alpes-Maritimes, c'est la première fois qu'on découvre les vestiges d’une aussi grande villa à l'intérieur des terres.
Franck Sumera, conservateur en chef du patrimoine dans les Alpes-Maritimes pour la DRAC
"On a peut être une villa romaine qui s'est christianisée, mais ce n'est qu'une supposition", propose Franck Sumera, conservateur en chef du patrimoine dans les Alpes-Maritimes pour la DRAC.
Il faut encore attendre les datations au carbone 14 et le début des fouilles pour confirmer toutes ces suppositions.
Les 2/3 du chantier mis en pause
Suite à la découverte de ces précieuses traces du passé, les travaux ont dû être stoppés sur la partie haute du chantier.
"Cette découverte est exceptionnelle pour l'histoire de la commune, explique Thomas Marcucci, directeur général des services de la commune. Mais il faut construire ces bâtiments pour les entreprises."
Dans le quartier Gordolon, deux bâtiments doivent être construits en bord de route pour accueillir entre 5 et 6 entreprises, délogées par la tempête Alex qui a frappé la Vésubie le 3 octobre 2020.
Ce qui représenterait 40 emplois dans l'artisanat, le bâtiment et les travaux publics.
C'est le seul endroit plat de la commune épargné par la rivière. Si le site est sanctuarisé on trouvera une solution, mais nous n'avons pas beaucoup de foncier disponible.
Thomas Marcucci, directeur général des services de la commune
Le site ne sera pas sanctuarisé
Franck Sumera explique comprendre l'inquiétude de la commune. Même si l'édifice découvert est exceptionnel, il annonce ne pas vouloir sanctuariser le site.
"Il faut garder les témoins les plus importants du passé, mais nous n'allons pas vivre au milieu des antiquités."
Nous avons tout à fait conscience de l'urgence économique et social créée par la tempête Alex. Notre travail, c'est de faire l'équation entre la protection du patrimoine et ce qui est acceptable pour la population.
Franck Sumera, conservateur en chef du patrimoine dans les Alpes-Maritimes pour la DRAC
L'entreprise qui faisait les travaux et la commune sauront au plus tard la semaine prochaine ce que va devenir le chantier. Une fouille sera ensuite lancée pour étudier tous ces vestiges. "Elle devrait durer trois mois, nous allons essayer de faire vite et bien." , assure le conservateur.
L'objectif : permettre la reprise des travaux de construction le plus rapidement possible.
Protection des sites archéologiques
"C'est très élégant de la part de l'entreprise de nous avoir prévenus de la présence des vestiges", salue Franck Sumera.
Une obligation légale, qui peut être sanctionnée par une amende de 3 750 €.
"Aujourd'hui, il n'est plus possible de nous cacher des découvertes, prévient-il. La population est éduquée à l'archéologie et il y a toujours quelqu'un qui nous envoie des photos quand des découvertes sont cachées par des entreprises."
Assurer l'avenir par l'archéologie préventive
La découverte de vestiges pourrait s'amplifier avec les reconstructions nécessaires après la tempête Alex. "Dans le département, il y a peu de zones agricoles : les vallées concentrent les vestiges, prévient Franck Sumera. Donc à chaque nouvelle construction, il risque d'y avoir des découvertes."
L'objectif est donc maintenant de faire de l'archéologie préventive dans l'arrière-pays, pour limiter les découvertes accidentelles. Il faudrait cartographier les zones où il pourrait y avoir des vestiges importants.
Ainsi, la présence de sites archéologiques pourra être anticipée par les entrepreneurs, qui prévoiront les fouilles dans le planning des travaux.