Le sculpteur et graveur catalan Jaume Plensa expose ses œuvres au Musée Picasso à Antibes jusqu'au 25 septembre. Le père de l'immense sculpture "Nomade", qui domine le port Vauban, revient à Antibes avec des dessins cette fois. Rencontre.
Son œuvre est entrée dans le cœur des Antibois, pour devenir comme un emblème de la ville. Dominant le port Vauban, le regard tourné vers l'horizon, le Nomade est assis sur le Bastion Saint-Jaume depuis douze ans. Invitant au voyage, à la réflexion, la sculpture est le lieu le plus photographié de la ville.
Jaume Plensa revient à Antibes pour y présenter son exposition. Impossible de ne pas l'emmener devant son œuvre.
L'émotion est palpable lors qu'il nous parle de l'inauguration en 2010. "C'est une occasion extraordinaire pour se souvenir de ce moment, c’est comme un petit miracle cette pièce et cet endroit"
Chaque Azuréen et chaque touriste fait son interprétation de la sculpture géante. Jaume Plensa crée volontairement un flou autour de sa signification, et laisse chacun expérimenter en rentrant dans l'œuvre pour regarder le monde.
Les gens, sans le savoir, font une expérience extraordinaire.
Jaume Plensa - sculpteur
"La vie tatoue en permanence notre peau. L’écriture, c’est peut-être la chose qui nous rend humains en quelque sorte. Je crois que créer le corps humain avec des lettres, c’est peut-être une façon d’illustrer que nous faisons partie du texte. Le texte et nous, c’est la même chose. C’était ma première idée pour embrasser les gens. Inviter les gens à rentrer dans cette idée d’un corps de texte, d’un corps de lettres. Car on voit le monde à travers les lettres. Tu vois toute la réalité autour à travers le texte."
40 ans de dessins au Musée Picasso
A quelques pas de là, sur les remparts, toujours face à la mer, l'artiste a installé son exposition "La lumière veille" au Musée Picasso pour quelques mois. Quatre-vingt dix œuvres réalisées en 1982 et 2022.
"Dans cette expo, il y a environ 40 ans de dessins que j’ai choisis pour le musée. Il y a un côté plus fragile, plus direct, c’est la relation de l’âme et des idées.
Jaume Plensa
Lui, célèbre dans le monde entier pour ses sculptures, avoue son amour du dessin. Un tremplin d'idées parfois pour ses sculptures, mais aussi une ouverture plus simple vers le rêve.
La sculpture est un processus très lent qui lui demande l'aide des autres. Grâce au dessin, Jaume Plensa vérifie ses idées, les affine, les peaufine. Elles lui viennent comme des intuitions.
Le dessin, c’est tellement immédiat : c’est ta main, ton désir, le papier
Jaume Plensa - sculpteur
Même en deux dimensions, l'artiste espagnol ne peut s'empêcher de rêver d'espace. Il dit dessiner sur les murs pour avoir une relation plus directe avec l'architecture. L'espace est alors directement intégré dans l'œuvre elle-même et les visiteurs s'y connectent plus rapidement.
Peut-être une déformation professionnelle. Même dans les dessins, le sculpteur aime avant tout la matière.
"J’adore le matériel avec lequel je travaille, et je laisse très souvent voir la couleur du papier, la couleur du graphite. Parce que comme un rêve, peut-être un jour, j’aimerais dessiner sans papier, dessiner dans l’espace. Ça comme sculpteur, c’est mon rêve. Mais pour l’instant, le papier, c’est mon support."
L'exposition est à découvrir jusqu'au 25 septembre au Musée Picasso à Antibes.