Le ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili, vient d'annoncer ce 29 septembre la fin de la reproduction des orques et dauphins en captivité. Réactions, notamment de la direction du Parc Marineland d'Antibes.
La présentation d'animaux sauvages dans les cirques itinérants va être progressivement interdite en France, ainsi que la reproduction et l'introduction de nouveaux orques et dauphins dans les trois delphinariums du pays, a annoncé ce mardi 29 septembre la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili.
La ministre, qui a présenté une série de mesures sur le "bien-être de la faune sauvage captive", a également annoncé la fin de l'élevage des visons d'Amérique pour leur fourrure, relevant que "notre époque a changé dans son attitude à l'animal sauvage".EN DIRECT | @barbarapompili annonce des mesures en faveur du bien-être de la faune sauvage captive. https://t.co/EudCE1aekZ
— Ministère de l’Écologie (@Ecologie_Gouv) September 29, 2020
Le Parc Marineland attend les détails
Pascal Picot, directeur général de Marineland réagit sur notre antenne dans l'édition du 12/13 de France 3 côte d'Azur. Il n'est pas surpris mais il dénonce surtout l'absence de débat : "On est choqué de cette annonce et de l'absence de concertation.Les détails restent flous, est-ce que ce sera un calendrier, un décret, une loi, un arrêté, à quelle échéance ? Tout cela reste à préciser.
L'avenir paraît très trouble, on a encore des bébés qui sont nés cette année. On attend les détails.
Marineland est un lieu irremplaçable, qui a permis à d’innombrables visiteurs, enfants comme adultes, de s’ouvrir au monde marin et d’apprendre à aimer et à protéger la biodiversité marine. Aujourd’hui, c’est cette initiation du vivant qui est vouée à disparaître...
Contraception chimique pour des animaux sauvages
En fonction de ces importantes précisions, le directeur étudiera les éventuels recours possibles avec son service juridique. D'ores et déjà, la contraception chimique pour des animaux sauvages semble poser problème.Pour Pascal Picot, malgré ces annonces gouvernementales et un avenir qui s'assombrit pour Marineland, il reste persuadé que ce type de parc zoologique, avec ses missions de protection, conservation et éducation, a encore un rôle à jouer au 21e siècle.
Pascal Picot, juge "ridicule" l'enveloppe de huit millions d'euros annoncée pour aider les entreprises affectées.
Au regard de son importance économique, l'aide annoncée par Barbara Pompili est absolument dérisoire", selon lui. "Ca fait 400 euros par licenciement".
>> Marineland aujourd'hui c'est 12 dauphins, dont deux nés cette année en captivité, et quatre orques. Il avait accueilli environ 80.000 visiteurs en 2019.
Sur le site : 160 emplois en contrat à durée indéterminée (CDI), 500 saisonniers sans compter une centaine d'emplois en CDI dépendant indirectement du parc.
"J’en ai pleuré !"
Les associations de défense animale ont déjà réagi sur les réseaux sociaux et fait part d'une certaine déception ou grande satisfaction :Quelle déception ce flou sur la date de la décision, les animaux captifs ne peuvent pas continuer de souffrir pendant des années. Les autres pays ont arrêté des dates.
Une autre association de défense des animaux qui mène ce combat depuis longtemps se félicite de cette décision dans un post Facebook : "victoire pour les cétacés". Christine Grandjean, présidente de l'association C'est Assez ! réagit avec émotion à cette annonce : "J’en ai pleuré !" Elle félicite Barbara Pompili :«Je ne vous donne pas de date, ça se fera dans les années qui viennent» déclare @barbarapompili...
— One Voice (@onevoiceanimal) September 29, 2020
Quelle déception ce flou, les animaux captifs ne peuvent pas continuer de souffrir pendant des années. Les autres pays ont arrêté des dates. #StopDelphinarium #CirquesSansAnimaux pic.twitter.com/Hi6Ojd4QKY
Pour Christine Grandjean, interdire la reproduction des dauphins et l'importation de nouveaux animaux ainsi que l'ouverture de nouveaux delphinariums est une bonne chose. La question de l’avenir à court terme des dauphins captifs se pose.A elle seule, elle a eu plus de courage que tous les autres ministres ! Ça fait 6 ans, ça fait 6 ministères qu’on contacte et avec qui on travaille. On a enfin abouti à quelque chose, c’est merveilleux ! Toutes nos demandes ont été acceptées.
Mais comme la ministre a laissé un "délai intelligent" cela permettra de créer des sanctuaires en mer.
"Comme une maison de retraite"
Selon elle, il y aura donc des accompagnateurs, des soigneurs, des vétérinaires : "c’est tout un processus de réhabilitation. Ils seront nourris avec des poissons morts, puis des poissons vivants. Petit à petit, certains pourront chasser par eux-mêmes. On les réhabituera à fonctionner de manière naturelle. Ce sera comme dans une maison de retraite. Ainsi, ils auront une vie plus normale", affirme la présidente de l’association.Pour Corinne Bouvot, membre fondateur du Groupement Anti-Captivité : "notre but est de cesser l'exploitation de ces animaux, ce n'est pas en conservant une espèce que l'on peut la sauver." Pour Valérie Romano, présidente de Défense de l’Animal :
"En matière de bien-être animal pour la faune sauvage captive, la France prend enfin un tournant et un virage historique. Il était temps ! Malgré les pressions et le poids des lobbys, la ministre a su se placer du côté des animaux puisqu’elle met fin à leurs souffrances physiques et psychologiques. Nous saluons ces avancées qui étaient attendues depuis des années par une large majorité de nos concitoyens."
27 dauphins et 4 orques
En plus du delphinarium Marineland d'Antibes, cette annonce concerne deux autres parcs en France : le Parc Astérix dans l'Oise et Planète Sauvage en Loire-Atlantique. L'association a recensé 27 dauphins et 4 orques en France métropolitaine. L'association C'est Assez ! organise régulièrement des manifestations devant ces parcs pour protester contre l'enfermement de ces mammifères marins. Outre-mer, il y a 3 aussi dauphins captifs au Mooréa Dolphin Center.Régulièrement des manifestations se déroulent à Antibes devant le parc Marineland.
Ces appels à manifester sont lancés par le GAC (Groupe anti-captivité), 110 associations de protection animale qui se retrouvent pour dénoncer les pratiques du site antibois.
Parmi elles, des associations très connues comme Sea Sheperd, L214 ou encore Pet Alert.