Antibes : réaction de Jean Leonetti après l'annonce de l'arrêt des traitements de Vincent Lambert

A partir du 20 mai, les traitements de Vincent Lambert, plongé dans un état végétatif depuis 10 ans, pourraient être arrêtés. Jean Leonetti, à l'origine de la loi qui porte son nom, réagit à cette annonce. Voici son interview en intégralité. 
 

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Il est devenu malgré lui le symbole du débat sur la fin de vie. A partir du 20 mai, les traitements de Vincent Lambert, plongé dans un état végétatif depuis 10 ans, pourraient être arrêtés. "L'arrêt des traitements et la sédation profonde et continue évoquée lors de la procédure collégiale seront initiés au cours de la semaine du 20 mai"," vont être "initiés", précise le médecin de Vincent Lambert, tétraplégique en état végétatif

Plus de dix ans en état végétatif


Ancien infirmier psychiatrique, Vincent Lambert se trouve depuis plus de dix ans en état végétatif au CHU de Reims à la suite d'un accident de la route survenu en septembre 2008, quand il avait 32 ans. Les décisions sur un arrêt des soins n'ont jamais été mises en oeuvre, freinées par de multiples imbroglios et recours juridiques successifs.
 

"Arrêter la nutrition"



Le 24 avril, le Conseil d'État a conclu qu'étaient "réunies les différentes conditions pour que la décision d'arrêter la nutrition et l'hydratation artificielles de M.Vincent Lambert puissent être mises en oeuvre", a écrit le docteur Sanchez dans un courrier adressé à la famille Lambert. 

Jean Leonetti, à l'origine de cette loi qui porte son nom, réagit à cette annonce. Voici son interview en intégralité : 
 

Pour Jean Leonetti, ancien médecin, les lésions cérébrales dont souffre Vincent Lambert ne laissent pas d'autre possibilité que l'arrêt des traitements. De plus, la prise en compte de tous les témoignages, proches comme anciens collègues, allaient dans le sens de cette décision. Pour lui, "ce n'est pas une situation de handicap mais une situation de prolongement artificiel de la vie".
 

Acharnement thérapeutique


L'affaire déchire la famille Lambert depuis longtemps. D'un côté, les parents, un demi-frère et une soeur s'opposent à l'arrêt des soins. De l'autre, son épouse Rachel, son neveu François et cinq frères et soeurs du patient dénoncent un acharnement thérapeutique. Le 24 avril, la plus haute juridiction administrative a jugé conforme à la loi la décision collégiale d'arrêt des soins, prise le 9 avril 2018 par le CHU de Reims pour faire cesser un "acharnement thérapeutique" mais contestée par une partie de la famille. En 2014, elle s'était déjà prononcée pour la fin du traitement.
 

Maintien artificiel de la vie


Comme l'avait fait le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne (Marne) le 31 janvier, le juge des référés du Conseil d'État a considéré que la poursuite du traitement, "n'ayant d'autre effet que le maintien artificiel de la vie", traduirait "une obstination déraisonnable", clé de voûte de la loi Claeys-Leonetti sur la fin de vie.

La décision d'arrêter l'alimentation et l'hydratation artificielles de Vincent Lambert et d'assortir la fin de ce traitement d'une sédation profonde et continue est donc légale, selon le Conseil d'État. 
Suite à cette décision, les parents de Vincent Lambert, catholiques farouchement opposés à l'euthanasie passive, ont déposé un recours devant la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH) et le Comité international de protection des droits des personnes handicapées de l'ONU (CIDPH). 
 

Couloir de la mort

La CEDH a rejeté cette requête, mais le CIDPH a demandé à la France de suspendre toute décision d'arrêt des soins, dans l'attente d'une instruction sur le fond. La ministre de la Santé Agnès Buzyn a indiqué que la France répondrait à la demande du comité, mais qu'elle n'était pas tenue, légalement, de la respecter.  Les parents de Vincent Lambert ont réagi à ces propos : 

Il n'y a aucune urgence médicale à arrêter l'alimentation et l'hydratation de Vincent Lambert et rien ne justifie une violation aussi éhontée du droit international et des mesures provisoires réclamées par l'ONU.


Selon ses parents :

C'est au mépris des mesures provisoires ordonnées par l'ONU (...) au profit de Vincent Lambert, handicapé, vulnérable et sans défense, que le docteur Sanchez a décidé qu'il mourrait dans le couloir de la mort dans lequel il est enfermé à clé depuis des années.


Si cette décision était exécutée, "Vincent Lambert mourrait en quelques jours (...) et le docteur Sanchez pourrait remettre à Viviane Lambert un fils mort pour la fête des mères le 26 mai prochain", ont-ils affirmé.
 

Acharnement judiciaire


Les avocats en ont appelé au défenseur des droits et au président de la République, Emmanuel Macron. Ils ont par ailleurs exprimé leur intention de saisir la justice "pour que soit respecté le droit international au profit de Vincent Lambert". L'acharnement thérapeutique s'est transformé en acharnement judiciaire.
   
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