En juin 2022 à Antibes, à la veille de ses 17 ans, Noé a été tué dans un accident de la route causé par un conducteur sous l'emprise de l'alcool. Ce dernier a été condamné à 5 ans de prison ferme et incarcéré.
L'audience était initialement prévue le 14 février, avant d'être reportée au mois de septembre. Le procès du meurtrier présumé de Noé a finalement eu lieu ce vendredi 5 juillet au tribunal judiciaire de Grasse.
Sur le banc de la partie civile ce vendredi, le papa, la maman, la sœur, la meilleure amie de Noé qui était dans la voiturette et deux autres jeunes filles, des copines, qui les suivaient dans un véhicule.
Dans la nuit du 24 au 25 juin 2022, l'adolescent de 16 ans a été percuté mortellement au volant de sa voiture sans permis à Antibes. Le conducteur à l'origine du drame, âgé d'une quarantaine d'années, roulait alors à une vitesse excessive. La voiturette a, selon les enquêteurs, été percutée par l'arrière.
Les contrôles effectués après l'accident ont également révélé que son taux d'alcool dépassait la limite autorisée (0,76 grammes) et qu'il avait des traces de cocaïne et à l'ecstasy dans son sang.
Le procureur et la présidente ont évoqué ces traces suite à une consommation de drogue cinq jours avant les faits. C'est l'alcool qui est ici retenu dans les circonstances de l'accident.
Au début de l'audience, le conducteur a émis des regrets et a reconnu les faits. Dans la salle, beaucoup de personnes pleurent. Le papa et la maman de Noé s'avancent à la barre :
Noé était un jeune homme de 16 ans brillant, sportif, hyper-simple et apprécié de tous. Nous avions une famille parfaite, et en un coup de fil notre vie a basculé.
La mère de Noé
La maman continue : "Nous étions une famille si heureuse, une partie de moi est morte à jamais. À l'annonce de son décès, mon cœur s'est brisé, c'est une violence inouïe. Tout ce que j'avais construit s'est effondré en une seconde. Tout s'arrête."
Noé Guez-Auger pratiquait le tir à la carabine au Tir Sportif d'Antibes et avait intégré le Centre régional d'entraînement de la commune. Son but était de participer au JO 2024. Il voulait devenir architecte.
Pour sa maman, "cela fait deux ans que nous avons subi ce drame et je n'arrive pas à passer ça, notre vie d'avant me manque, j'ai du mal à me projeter dans l'avenir. Je voudrais le prendre dans mes bras et remonter le temps."
Le papa lit également un texte : "quand j'ai vu mon fils à l'hôpital, je n'y croyais pas, j'ai pris sa tête entre mes deux mains en lui disant accroche-toi, mais il était déjà parti."
Noé n'est plus là à cause de quelqu'un qui ne respecte rien. J'ai mal, je ne le vois plus, mais je le sens, il est encore bien là parmi nous, chaque jour. On a allumé une bougie. Il veille sur moi et je pense sur nous tous. Noé était le plus gentil garçon du monde, on aimait bien rigoler.
la soeur de Noé, 17 ans.
La passagère lors de l'accident était la meilleure amie de Noé. Ils étaient à une fête de fin d'année et ont voulu aller chercher quelque chose à manger. Elle n'a pas de souvenir de l'accident. Elle pleure :"je ne comprends pas grand-chose. Il sera toujours près de moi."
La jeune fille consulte un psychologue depuis le drame. Elle a le sentiment de culpabilité d'être en vie.
Cette nuit-là j'ai vécu l'horreur. Suite à l'accident, je n'arrivais plus à dormir, je suis passée par des phases de culpabilité, pourquoi, moi, je ne suis pas morte ?
Une amie de Noé.
Une autre jeune fille de 19 ans témoigne. C'est elle qui a téléphoné aux pompiers et a aidé à sortir du véhicule l'ami blessé : "il roulait tellement vite que notre voiture a vibré. Ce jour-là, toute ma vie a changé. Il a fallu que je le voie à l'hôpital pour me dire que plus jamais je ne le reverrai. Je n'arrive plus à aller au lycée, j'ai perdu pied, je n'ai plus d'envie."
Les mots du conducteur
À la reprise de l'audience, en début d'après-midi, le responsable présumé de la mort de Noé s'est exprimé : "ce soir-là, je n'ai pas consommé de cocaïne, j'étais à un barbecue et c'était festif. J'ai consommé du vin et du rhum..."
Selon les experts en psychiatrique et en psychologie, il n'y a pas d'anomalie particulière chez cet homme. Il aurait, selon eux, une tendance au dédouanement et à l'individualisme avec des failles narcissiques.
Jugé pour homicide involontaire, la présidente s'est ouvertement interrogée sur son choix de conduire vite, de consommer de l'alcool et de la drogue. Le choc entre la Mercedes Class A et la voiturette de Noé a été très violent.
Selon les enquêteurs, elle l'a percuté à 111 km/h, quand le jeune roulait, lui, 44 km/h.
On peut se poser la question si inévitablement votre conduite n'allait pas amener à un drame ?
La présidente du tribunal
Son avocat d'ajouter : "ça vient d'où cette consommation de cochonneries, de merde, on peut le dire ?! Il faut le dire ! C'est le moment, exprimez-vous !"
Réponse du conducteur :
"Mon meilleur ami est mort dans un accident de voiture. Je n'ai pas grand-chose à raconter." Son avocat : "Mais si vous avez quelque chose à dire, c'est maintenant Monsieur Piazza !"
"Je suis désolé." Et il se rassoit.
Je le dis avec beaucoup d'émotion, on en a marre de ce type de procès. Parce que Noé, c'est notre enfant à tous.
Me Soussi, avocat de la famille de Noé.
L'avocat de la famille de Noé ajoute : "C'est un dossier dramatique. Il a fallu expliquer à la famille comment celui qu'elle considère être l'assassin de leur fils, comment on le remet en liberté deux mois après l'accident. Ensuite, il a fallu expliquer à la famille que Monsieur Piazza conduit et se drogue de nouveau, alors qu'il a été remis en liberté."
En effet, le combat de la famille a commencé après la libération sous caution du meurtrier présumé de leur fils. L'homme, incarcéré dans un premier temps, avait été libéré et placé sous contrôle judiciaire deux mois après le drame.
Mais il avait alors enfreint son contrôle judiciaire et été une nouvelle fois testé positif à la cocaïne. Retour à la maison d'arrêt de Grasse. Avant d'être à nouveau, en septembre dernier, libéré sous contrôle judiciaire.
La loi permet d'aller jusqu'à 10 ans et, pour les faits d'aggravation multiples qui relèvent de la mise en danger, il faut être ferme en se situant dans le spectre haut de la sanction. Raison pour laquelle, au vu de la gravité des faits, j'ai demandé 6 ans".
Damien Savarzeix, procureur de la république de Grasse
Le procureur a finalement demandé une peine six ans d'emprisonnement et "qu'elle soit exécutée immédiatement en sortie de cette audience."
Le représentant du Ministère public a parlé du procès d’un homme qui est "le reflet d’un problème de comportement emblématique et récurrent dans le département."
Un dossier qui réunit donc les trois facteurs mortels ici : vitesse, alcool, stupéfiants. Alors que, rappelle-t-il, au mois de juin, huit homicides involontaires ont endeuillé les routes Alpes-Maritimes.
Arrivé libre à son procès, Grégory Piazza est finalement condamné à 5 ans de prison ferme, avec mandat de dépôt à la barre. Il a été conduit immédiatement en détention.