Les parents de Noé veulent obtenir la création d'un homicide routier. Ils ont été invités à l'Assemblée nationale pour suivre cette proposition de loi portée par le député LR des Alpes-Maritimes Eric Pauget et examinée ce lundi 29 janvier.
Pour les parents de Noé, le combat continue sur le plan politique et législatif. Yvon et Marceline Guez ont fait le déplacement à Paris ce lundi 29 janvier.
Ils ont prévu d'assister aux débats à l'Assemblée nationale sur la proposition de loi portée par le député LR des Alpes-Maritimes, Eric Pauget.
Il s'agit d'un changement sémantique important : transformer l'homicide involontaire routier avec circonstances aggravantes en "homicide routier". Un texte transpartisan qui ne devrait pas changer les peines encourues. Actuellement, les auteurs risquent 10 ans de prison et 150.000 euros d'amende si l'homicide routier a été commis avec deux ou plusieurs circonstances aggravantes.
Si le texte est appliqué, d'autres peines pourraient s'appliquer comme la confiscation du véhicule et l'annulation du permis de conduire (avec impossibilité de le repasser pendant 10 ans).
Contacté, le père de Noé explique : "Nous aujourd’hui on se bat depuis 19 mois pour faire changer cette loi et passer en homicide routier." Avec sa femme, ils espèrent obtenir "une loi Noé".
Un combat qui leur permet de tenir et de dépasser leur propre deuil : "aujourd’hui on se bat pour notre fils et toutes les familles endeuillées. Il faut que ça change parce que c’est insupportable, il faut des moyens, il faut des avocats."
"C’est insupportable d’entendre homicide involontaire"
Ils redoutent l'impunité qui entoure souvent les accidents routiers et dénoncent le caractère "involontaire" trop souvent rattaché à ces accidents. Yvon Guez explique : "c’est insupportable pour nous d’entendre homicide involontaire alors qu’il était très conscient de ce qu’il a fait, de prendre sa voiture en étant alcoolisé, drogué, rouler à toute vitesse, percuter notre fils."
La mère de Noé, Marceline Guez s'était confiée vendredi à notre équipe : "Déjà le deuil d’un enfant c’est compliqué (...) et en plus on a toute cette justice qui est dure avec nous, dure avec les victimes, moi je trouve qu’on ne prend pas assez en compte les victimes."
Traces de cocaïne et d’ecstasy dans son sang
Dans la nuit du 24 au 25 juin, leur adolescent de 16 ans a été percuté mortellement au volant de sa voiture sans permis à Antibes. Le conducteur, âgé de 43 ans, était ivre. Les premiers éléments de l’enquête ont aussi révélé des traces de cocaïne et d’ecstasy dans son sang.
Le 23 octobre 2022, les parents avaient organisé une marche blanche pour honorer la mémoire de Noé et pour réclamer plus de justice dans le cadre des violences routières.
Un drame que connaissent beaucoup de familles en France. Une médiatisation récente provoquée par l'affaire Pierre Palmade. L'accident survenu le 10 février 2023 avait fait 3 blessés graves : un père, son fils de 6 ans et une femme qui a perdu l'enfant qu'elle portait. Les expertises ont montré que l'humoriste était sous l'emprise de la cocaïne.
12 % des conducteurs contrôlés positifs aux stupéfiants
Actuellement, selon l’Observatoire national interministériel de la sécurité routière, "la conduite en état d’ivresse est la deuxième cause de mortalité sur les routes, après la vitesse et dans les accidents mortels,12 % des conducteurs contrôlés sont positifs aux stupéfiants."
Cet après-midi, depuis 15h, la proposition de loi sera examinée à l'Assemblée Nationale. Eric Pauget, député LR l'a déjà présentée devant la commission des lois mercredi 24 janvier en présence du vice-président de la Ligue contre la violence routière.
Au rythme des soubresauts de la justice et des relaxes
Le procès du chauffard présumé de Noé est prévu dans deux semaines, le 14 février au tribunal de Grasse. Mais cette loi, si elle est votée, pourrait-elle être prise en compte pour le procès ?
Mais Yvon Guez espère que les amendements, s’ils sont acceptés, vont faire bouger les choses et servir à faire de la prévention. Une bataille qui va au-delà de leur cas personnel : "On ne veut pas que notre fils soit parti pour rien. Ç’est évident que ça peut sauver des vies. On ne peut pas rester comme ça les bras croisés."
Une famille endeuillée qui vit actuellement au rythme des soubresauts de la justice et des relaxes.
La première fois, l'homme était ressorti au bout de 3 mois alors que toutes les expertises n’avaient pas été rendues.
La semaine dernière, les parents de Noé ont appris que le chauffard présumé était remis en liberté une deuxième fois. Une relaxe obtenue en Cour de cassation à cause d'un vice de procédure car le juge n’avait pas notifié un avocat lors de la mise en détention. Celui-ci avait été arrêté une nouvelle fois au volant sous l’emprise de stupéfiants. Le quarantenaire avait pourtant interdiction de conduire.
Détention provisoire
La mère de Noé, dénonce cette nouvelle remise en liberté : "c’est quand même des personnes qui sont dangereuses pour la société, il aurait pu faire d’autres victimes, causé d’autres accidents".
Le père s'indigne : "Ça a été d’une violence terrible, ça a été un choc, c’était horrible, à chaque fois, il rentre, il sort, c’est de la torture, on n’en peut plus."
Les parents de Noé demandent des peines plus sévères pour les chauffards, la reconnaissance du caractère volontaire des actes et que les personnes accusées d'un homicide routier restent en détention provisoire jusqu'au procès.
Des demandes similaires aux associations de victimes de la route. L'association Antoine Alléno, créée en mémoire de la mort du fils du célèbre chef Yannick Alléno, souhaite aussi la création d'un délit d'homicide routier.
(avec Hélène Maman)